Après avoir qualifié la sélection nationale aux Jeux olympiques 1988 à Séoul, Taoufik Ben Othmane a été «démissionné» suite à une deuxième place aux Jeux africains du Caire. Il ressent toujours beaucoup d'amertume pour avoir été privé de conduire l'équipe en Corée du Sud. «Il serait illogique que nous manquions la coupe du monde alors que nous avons une chance inouïe d'y parvenir. Y a -t-il poule plus facile ? Nos adversaires au dernier tour n'ont jamais tenu tête à notre sélection représentative. Et puis, nous avons une réputation à défendre. Si on est éliminé, c'est le fiasco pour le foot tunisien, la catastrophe. Certes, il y aura des duels serrés contre la Libye notamment, s'agissant d'un derby, mais, nous avons les moyens de battre notre voisin. Toutefois, il faut garder les pieds sur terre et ne pas se croire qualifié avant d'avoir joué. Nous avons 80% de chances de qualification. La Guinée reste à notre portée. Nous l'avions battue sur deux fronts : coupe d'Afrique et coupe du monde. Je me rappelle que dans la semaine de notre match d'El Menzah face au Sily national, Abdelmajid Chetali s'est retiré. Il était rentré à Sousse après la salve de critiques qui a suivi le match inaugural de la poule finale aux éliminatoires du Mondial argentin (nul 0-0 à Tunis devant le Nigeria), et n'avait plus donné signe de vie. Mardi, le ministre des Sports, Foued Mbazaa, vient nous voir. Il me dit: «Vous préparez l'équipe, maintenant, c'est vous l'entraîneur». Eh bien, je mets les plans de jeu, j'arrête le onze rentrant où je préfère Moncef Khouini à Mohamed Ali Akid qui est bon de la tête. Khouini, lui, est bon de la tête et des pieds. Puis, voilà Chetali qui réapparaît le jour du match, le 2 octobre 1977. Je lui passe le témoin. Je lui remets les clés de l'équipe: la formation rentrante, les huit points à traiter dans la réunion technique, des joueurs prêts... Je ne vois pas beaucoup d'entraîneurs qui auraient fait pareil. Mais notre amitié qui remonte à l'époque où nous étions joueurs est la plus forte. Entre 1975 et 1978, j'ai été, je crois, un lieutenant fidèle de Chetali. Nous gagnons (3-0) ce match aller des éliminatoires de la coupe du monde. Deux mois plus tôt, nous avions déjà éliminé la Guinée de la coupe du monde. «L'animation offensive a évolué» «Depuis,la Guinée a certes évolué, à l'image de ce qui se passe sur tout le continent. Cette évolution touche notamment la tactique et les plans en attaque. L'animation offensive constituait le point faible des pays d'Afrique noire où on ne savait procéder que par de longues balles balancées à l'aveuglette. La motivation compte énormément. De notre temps, les joueurs ne percevaient pas tout cet argent: 100 dinars pour une victoire dans un match officiel en sélection.