Africains et Tunisiens sont, depuis hier, en conclave, au Centre international des technologies de l'environnement de Tunis (Citet), pour se pencher sur les possibilités d'une coopération sud-sud mutuellement profitable en matière d'industrie écologique L'événement, quasiment à huis clos, se résume en un atelier régional sur « la mise à niveau environnementale des entreprises (MNE)» dont les travaux s'achèveront demain. Au terme de trois jours de débats et d'échanges, place aux recommandations communes, avancées dans la mesure des attentes et des besoins de formation déclarés. Dans la salle mal éclairée du Citet, toute la lumière a été faite sur un nouveau partenariat bilatéral qui soit en mesure d'aider neuf pays africains francophones à relever le défi du développement durable. Afin d'y arriver, ils ont préféré passer par la Tunisie. Ils ont affirmé vouloir s'inspirer de son expérience riche en savoir-faire environnemental. Capitalisée, au fil des ans, son expertise technique lui a valu, aux yeux de nos amis africains, d'être un «modèle à suivre». Est-ce, vraiment, le cas ? Certes, faire appel à nous pour nous initier à la mise à niveau industrielle est un motif de fierté et une marque de reconnaissance à nos compétences. Le pari sera-t-il gagné? C'est ainsi que depuis une vingtaine d'années, la Tunisie s'est engagée dans la normalisation du produit, suite à l‘accord d'association conclu, en 1995, avec l'Union européenne. La propreté demeure, alors, un gage de qualité, tout comme l'écolabel un préalable à l'accès aux marchés extérieurs. Et là, l'intégration de la composante environnement dans la chaîne de production n'est guère un choix arbitraire. Rares sont les entreprises qui ont fait preuve d'écocitoyenneté. Et leur responsabilité sociétale fait, toujours, défaut. On ne compte, aujourd'hui, qu'un nombre restreint d'inscrits au programme de mise à niveau. La réalité en dit long D'après M. Kamel Saidi, sous-directeur chargé d'assistance aux entreprises au Citet, l'on ne compte que quelque 200 adhérents tout au plus. Et encore moins en termes d'accréditation aux normes ISO 14001. L'attitude de réticence l'emporte. Après 20 ans ou presque, le bilan n'est pas suffisant, avoue-t-il. Mme Amel Jrad, directrice générale du Citet est, du même avis : « L'expérience ainsi acquise n'est pas assez encourageante». La dimension écologique est le maillon manquant de la chaîne. Le parent pauvre du secteur industriel. Mais, ce qui importe, aujourd'hui, remarque-t-elle, c'est l'accumulation d'un ensemble d'acquis et d'outils technologiques qui nous permet d'exporter, ailleurs, notre savoir-faire écologique. Economie d'eau et d'énergie, valorisation des déchets, réutilisation d'eaux traitées et bien d'autres activités assimilées sont autant de paramètres qui font partie intégrante de la mise à niveau environnementale des entreprises. Dans les domaines du textile, de l'agriculture ou de l'hôtellerie, cela paraît de mise. Voire une valeur ajoutée qui s'exporte bien sur les marchés d'outre-mer. Nos PME sont-elles conscientes de l'enjeu ? La réalité des choses en dit autrement. Mais, quoiqu'on en dise, la Tunisie semble avoir une part du marché africain. Détails manqués Du haut de la tribune, les intervenants n'ont pas manqué d'optimisme et d'espoir quant à l'avenir de la coopération de développement sud-sud basée sur une approche écologique participative. L'objectif de l'atelier consiste essentiellement à inciter ces pays africains à l'identification et l'instauration des programmes MNE, tirant profit des informations nécessaires à leur mise en place. Sénégal, Cameroun, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Burkina Faso, Mauritanie et Mali en sont les pays bénéficiaires relevant de la francophonie. Leurs ambassadeurs accrédités en Tunisie vont tour à tour présenter l'état des lieux, les attentes et les enjeux tels que tracés par leurs pays respectifs. Le représentant de la Banque islamique de développement, partenaire stratégique, ainsi que le directeur général de l'Agence tunisienne de la coopération technique (Atct) sont aussi là pour donner un coup de main. Faute d'appareils sono disponibles sur le podium, les allocutions des intervenants sont à peine audibles. Courts et improvisés, leurs discours n'ont pas apporté de plus amples détails sur l'objet de l'atelier. Ils n'ont pas su, pour autant, contourner la question.