Une citoyenne, que la vie a rendu combative, s'est donnée pour mission de rendre exceptionnel le quotidien des gens. Carmen, cette bohémienne andalouse et cigarière, inspire la propriétaire du lieu. Car il ne s'agit pas uniquement du personnage principal de l'un des opéras les plus joués au monde signé Georges Bizet, mais d'un modèle de femme forte, libre, qui assume et qui se donne le droit de choisir. Après avoir choisi de prendre congé de la vie professionnelle pour regarder ses enfants grandir, Kaouthar Dhaoui a repris ses activités d'amateur de la culture et des arts et a rejoint ses compatriotes dans leur lutte pour une meilleure Tunisie. Mais crier des slogans dans la rue ne lui suffisait plus. Elle décide alors de s'exprimer autrement. C'est ainsi qu'elle a loué un espace dans un hôtel au centre-ville de Tunis, et plus précisément à la rue de Sousse, juste en face d'El Teatro, qui fête cette année ses 30 ans. Là-bas, dans ces 135 m2, Kaouthar pourra enfin partager sa passion. Et c'est dans la diffusion du beau qu'elle trouvera désormais son compte. Ce théâtre de poche de 150 places, appelé «Carmen», est en fait un espace polyvalent, qui se transforme facilement en une salle de danse, un lieu de séminaires et de rencontres et une galerie d'art. L'ouverture a eu lieu hier, en présence de journalistes, d'artistes et des nouveaux amis du nouvel espace. La soirée a été animée par «Yuma», un duo musical, précédé du vernissage d'une expo collective signée Ali Znaidi, Ikram Mhenni, Mohamed Cherif et Nessiba Ayadi. A partir d'aujourd'hui, dimanche 9 octobre, Carmen ouvrira ses portes pour le public et pour des représentations théâtrales, des projections de films tunisiens et étrangers, des séminaires et des rencontres à thème, des ateliers de danse, de théâtre et d'écriture. Dans une prochaine étape, le théâtre offrira aux regards ses propres productions. En attendant, la couleur est annoncée. Rien qu'à voir les murs tapissés de portraits, les Humphrey Bogart, les Bee Gees, Chaplin, Presley, Billie Holliday, Ismahène, Oum Khalthoum, Oulaya, Habiba M'sika, Abdelmotaleb, Tarnène...et même les quelques pages de bandes dessinées classiques, on devine le goût de la propriétaire des lieux et de ses mécènes. Ces derniers aiment le grand cinéma, la bonne musique et l'humour de bon ton. Mais ils ne s'accrochent pas au bon vieux temps, ils s'en inspirent pour le présent et pour un meilleur avenir. L'allure de Carmen est up to date. Les équipements sont de dernier cri. Et c'est tellement cosy qu'on a tout de suite envie d'avoir sa carte de fidélité.