La maîtrise de la hausse de la masse salariale et l'élargissement de l'assiette fiscale sont indispensables pour assurer la viabilité budgétaire La situation économique critique en Tunisie fait encore couler beaucoup d'encre. Les performances économiques laissent également à désirer, avec une croissance faible pour avoir des retombées sur le chômage, la pauvreté et les inégalités dans un contexte de creusement du déficit budgétaire et du déficit de la balance des opérations courantes. Selon le rapport de la Banque mondiale, publié au début du mois d'octobre, une modeste amélioration de la croissance et des conditions économiques a été enregistrée au cours de la première moitié de 2016, moyennant une progression de l'économie de 1 et 1,4% durant le premier et le deuxième trimestres. «Cette légère accélération de la croissance reflète une amélioration des performances dans les industries manufacturières et les secteurs non marchands qui ont progressé respectivement de 2% et 3,3%, alors que les secteurs de l'agriculture et de la pêche et les industries non manufacturières ont reculé de 2,8% et 0,8%, et la valeur ajoutée dans les services marchands n'a pas évolué». Autre indicateur positif, les importations de machines et d'équipements ainsi que les produits bruts ont augmenté de 10%. Malgré cette amélioration, la situation économique demeure critique, en témoignent les indicateurs (du premier semestre de 2016) mentionnés dans ce rapport, relatifs à la production industrielle qui a chuté de 0,3%, la baisse de la production agroalimentaire et de l'énergie, la dépréciation du dinar tunisien. De même, les entrées touristiques ont baissé de 25%, le taux de chômage est resté élevé (15,4%). Le rapport de la BM dénombre d'autres indicateurs, indiquant une croissance modeste de l'économie de 2% en 2016, devant passer à 3 et 3,7% en 2017 et 2018, et ce, dans un scénario qui «associerait une accélération des réformes structurelles, une amélioration de la sécurité au niveau national et régional, une plus grande stabilité sociale et une augmentation modérée de la demande extérieure». Par ailleurs, «les données de la première moitié de l'année indiquent que le déficit budgétaire pourrait être de 1% du PIB supérieur à celui initialement prévu au budget (4,6% du PIB) si aucune mesure compensatoire n'est prise pour maintenir le déficit structurel en dessous de 4%». Selon la même source, la maîtrise de la hausse de la masse salariale et l'élargissement de l'assiette fiscale demeurent indispensables pour «assurer la viabilité budgétaire et engager d'autres dépenses d'investissement». En outre, le gouvernement d'union nationale est appelé à réduire le déficit de la balance des opérations courantes à 7,7% du PIB cette année . A moyen terme, «la reprise progressive des envois de fonds et du commerce des services devrait être profitable à la balance des opérations courantes qui serait progressivement ramenée à 6,4% du PIB en 2017 et 2018». En somme, le plus important défi reste le chômage des jeunes, les troubles sociaux et la sécurité, devant être contrés par le gouvernement actuel. Ce dernier est appelé aussi à engager des réformes, notamment de la fonction publique et des institutions de l'Etat, en vue d'impulser la croissance du secteur privé , la promotion de l'employabilité des jeunes, l'amélioration de la gouvernance, la lutte contre la corruption.