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Le casse-tête économique qui attend Youssef Chahed
Publié dans Business News le 11 - 08 - 2016

Depuis la révolution, la situation économique de la Tunisie n'a pas cessé de se détériorer, chaque fois qu'on croit toucher le fond, les choses empirent davantage. Le terrorisme en général et les attentats du Bardo, Sousse et de Tunis en particulier n'ont pas arrangé les choses, privant la Tunisie de la manne du tourisme qui contribuait à hauteur de 7% du PIB. Ainsi, le nouveau gouvernement devra relever un ensemble de défis économiques. Focus sur les problématiques les plus importantes.

Depuis sa nomination en tant que chef du gouvernement le 3 août dernier, Youssef Chahed multiplie les rencontres et les consultations pour la formation de son nouveau gouvernement d'union nationale afin d'avoir le maximum de soutien. Dès sa prise de fonction, cette nouvelle formation devra relever plusieurs défis notamment économiques, d'où l'importance d'avoir la bonne personne au bon endroit. Ce sera probablement la dure tâche qui sera confiée à Marouane El Abassi, pressenti pour occuper un grand ministère chargé de l'Economie et des Finances. D'ailleurs, il a été reçu le 4 août courant par Youssef Chahed à Dar Dhiafa, ce qui tend à accréditer cette thèse.
M. El Abassi est économiste principal au sein de la Banque mondiale. Il est docteur en économie de l'Université de Paris I Panthéon Sorbonne et enseignant dans plusieurs universités prestigieuses, de Tokyo à New York. Il est titulaire d'un mastère en économie mathématique et d'un mastère en agroéconomie. Il est conseiller économique auprès du ministre du Commerce, du Tourisme et de l'Artisanat. Il a aussi été chargé de piloter les projets de développement des exportations financés par la Banque mondiale.

Ainsi, le premier défi du gouvernement de Youssef Chahed sera la reprise de la croissance économique à des taux permettant la création de valeur et d'emploi. Les taux de croissance réalisés sont en deçà des aspirations du pays, sachant qu'un point de croissance représente la création de 100.000 emplois. Dans un rapport de la Banque mondiale publié en avril 2016, l'institution note que «les tensions sociales qui ont marqué la première moitié de 2015, ainsi que les effets combinés de trois attentats terroristes dramatiques, ont été les principaux moteurs de la performance économique de la Tunisie en 2015. La croissance du PIB n'a atteint que 0,8% grâce à de bons résultats dans la production agricole (+9,2%), en particulier la production d'olives, tandis que la plupart des autres secteurs de l'économie ont reculé ou stagné. Les grèves conjuguées aux troubles sociaux dans les régions minières (phosphate) et le déclin durable de la production pétrolière et gazière ont entraîné un net repli dans les industries chimiques (-5,3%) et le raffinage du pétrole (-18,2%) et un recul global des industries non manufacturières (-4,1%)». Bien que la Tunisie ait fini l'année avec une inflation maitrisée à un taux moyen annuel de 4,9%, pour sa part, le taux de chômage reste élevé à 15,4%.
La BM estime que les perspectives économiques immédiates dépendent de l'impact persistant des atteintes à la sécurité et des tensions sociales qui ont marqué une grande partie de 2015 et le début de 2016. «Dans un scénario favorable, la croissance économique devrait repartir à moyen terme. La croissance du PIB devrait se redresser légèrement à 1,8% en 2016, avec la reprise de la production de phosphate… Dans un scénario qui combinerait la poursuite des réformes structurelles, le renforcement de la sécurité et l'amélioration de la situation régionale (notamment un début de normalisation en Libye), une plus grande stabilité sociale, et une augmentation modérée de la demande extérieure, la croissance économique devrait s'accélérer à 2,5% en 2017 et à 3% en 2018».

Le deuxième défi important et qui aura un impact direct sur la croissance comme l'explique la Banque mondiale, ce sont les réformes structurelles. En effet, la Tunisie s'est engagée depuis la révolution dans la mise en place de plusieurs réformes. Si certaines ont déjà vu le jour comme la réforme bancaire, certaines tardent notamment le Code de l'investissement, la réforme fiscale et douanière ou la réforme de la fonction publique. Les réformes aussi devraient s'étendre aux entreprises publiques et à la manière de les gérer. En effet, le déficit des entreprises publiques tunisiennes a atteint au cours des trois dernières années 3 milliards de dinars, à cause des difficultés qu'elles subissent et qui sont liées essentiellement à une mauvaise gouvernance.
Autre point important, le gouvernement ne pourra pas évoluer sans une stratégie claire et la mise en place d'un plan quinquennal déterminant les objectifs à atteindre.

Autre problème, la Tunisie peine à trouver son équilibre budgétaire depuis la révolution. En effet, le déficit budgétaire a atteint 6,8% en 2013 alors que les standards internationaux sont de 3%. Donc, le gouvernement aura comme tâche de préserver les équilibres économiques ou plutôt de les ramener. Les dépenses publiques sont restées dominées par les dépenses de fonctionnement, avec un nombre de fonctionnaires ayant passé de 404.000 en 2010 à 630.000 en 2015 et une masse salariale ayant évolué en 4 ans de 6,5 à 13 milliards de dinars et qui représente actuellement 45% du budget de l'Etat, soit près de 14% du PIB. Les dépenses d'investissement ont continué d'être comprimées, indiquant une exécution lente des investissements.
La Banque mondiale estime dans son rapport que «les pressions budgétaires devraient continuer à croître, avec une augmentation des dépenses courantes exacerbée par la hausse annoncée des salaires à compter de 2016 et de nouveaux recrutements dans les forces de sécurité et de défense».

Comme indiqué dans la Loi de finances 2016, la Tunisie va payer un principal de 3.280 millions de dinars (MD) et un service de la dette de 1.850 MD, soit au total 5.130 MD contre 4.700 MD en 2015. Le stock de la dette va donc évoluer de 46.051 MD à 50.353 MD entre 2015 et 2016. Pour sa part, l'endettement du pays passera de 52,7% à 53,4%, pour cette même période (contre 40% en 2010). La BM estime que le service de la dette devrait atteindre 4% du PIB par an sur la période 2016-2018.
La dette de la Tunisie a presque doublé en 7 ans évoluant de 26 milliards de dinars en 2010 à 50 milliards de dinars en 2016, soit une hausse de plus de 92%.
Or, pendant cette période, le dinar tunisien s'est fortement déprécié par rapport aux devises les plus utilisées par le pays pour ses transactions et ses prêts (-29,71% par rapport à l'euro entre août 2010 et août 2016 et -52,48% par rapport au dollar pour cette même période). En plus, la croissance et l'investissement ont diminué après que la croissance ait été presque nulle, pendant des années. D'où ce recours intensif à l'endettement : un endettement dirigé vers la clôture du budget et la consommation et pour financer l'Etat, son budget, les salaires des fonctionnaires et surtout leurs augmentations. Le pays s'est donc lourdement endetté et le pic des remboursements est prévu pour 2017.
Ceci a poussé les experts économiques du pays à tirer la sonnette d'alarme et à dénoncer ce qui se passe. Pour eux, si la Tunisie continue sur cette lancée, elle ne pourra plus assurer le paiement de ses dettes, alors que le pays n'a jamais raté une échéance.

Dès son accession au pouvoir, le gouvernement de Youssef Chahed aura à s'atteler aux défis économiques, défis importants et qui mesureront à la fin de son mandat l'étendue de sa réussite car relever les défis économiques signifiera le redressement de la situation du pays et sa sortie de crise. Toutefois, les tensions politiques et la pression exercée par le syndicat vont rendre difficiles, voire impossibles, les coupes budgétaires et les réformes douloureuses dont la Tunisie a pourtant besoin.


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