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Elyès Ben Sassi (ex-président de la commission de communication et développement au CA) : «Le public, symbole de réussite et d'adaptation» Dossier : les supporters méritent-ils de revenir dans les stades ?
«Le retour du public symbolisera la plénitude et la réussite d'une insertion» Pour Elyès Ben Sassi, ex-président de la commission de communication et développement international du Club Africain, la magie du football ne saurait opérer sans l'apport massif des supporters sur les virages et gradins : «Vous savez, il faut tempérer et ne pas toujours trancher dans le vif de manière impulsive. Le retour du public doit se faire de manière graduelle certes. Mais à terme, il doit être total sans aucune forme de quota ou de conditions. Car pour les supporters, la passion pour leur club n'occupe pas seulement leur quotidien, elle forme la trame sensible des principaux jalons de leur existence. C'est une affaire de tradition et d'identification fusionnelle à des couleurs qui symbolisent la plénitude et la réussite d'une insertion. Certains, que ce soit du côté de la Curva Nord, chez les African Winners, Leaders Clubistes et tant d'autres groupes, sont dès leur plus jeune âge bercés par les mélodies des chants qu'entonnent les viragistes pour encourager leur équipe. Des mélodies qui enrichissent un répertoire choral que nous écoutons les jours de match. Sans eux, le jeu n'a pas de sens et le club agonisera. Car outre la dimension mercantile (le guichet), le marketing (merchandising via la vente de maillots) et l'apport de ce douzième homme qui décuple les forces des joueurs, le gros de cette cohorte bruyante, ce bataillon, est organisé pour booster ses préférés. Les restrictions et les limites d'âge contraignantes qui vieillissent le gros des troupes dénature notre football. La prévention vaut mieux qu'une guérison au lourd tribut. Il faut sensibiliser, organiser et impliquer les fans. Même si les supporters, issus principalement des agglomérations populaires tunisoises, se sont déchaînés les uns contre les autres il y a peu. Il faut positiver et agir avec courage sans s'en remettre à la solution de facilité. Il y a une répartition au stade. Elle reflète la géographie sociale du Grand-Tunis à titre d'exemple, opposant les supporters tumultueux des virages nord à une assistance traditionnellement bourgeoise, provenant des quartiers méridionaux. Maintenant, la tendance a évolué, puisque le véritable show n'a pas lieu sur les travées des enceintes. Vous savez, un minimum de savoir-faire peut déboucher sur un consensus et une accalmie totale. Adhésion à une charte C'est avec les Capos et leur état-major qu'il faut communiquer. Ils sont certes passionnés mais pas à l'extrême, il faut juste briser ce cloisonnement entre les rives pour donner une image plus homogène de l'enceinte sportive, et ce, en vue d'entonner à cœur, délivrer le même message et se découvrir des affinités humaines. C'est ça l'identifiant des supporters. Le sport-roi filtre en effet un profond désir de reconnaissance et de promotion. De spectateur anonyme, le supporter devient objet de spectacle, reconnu par ses affidés mais aussi par les dirigeants du club. Il ne faut pas le marginaliser et le mettre en quarantaine. L'affirmation de cette identité sociale dans l'espace du stade, la sociabilité de groupes de pairs que scellent, match après match, des retrouvailles sur les mêmes gradins, la symbolisation des joies, des étapes de l'existence (la relégation, la promotion, la victoire, la défaite) et, chez certains, une ferveur pétrie de religiosité qui tente d'apprivoiser le sort par une profusion d'attitudes et de symboles propitiatoires : tout cela a un nom, la magie du football. Et sans supporters, quitte à me répéter, j'affirme en substance que le football perd de son charme et de son charisme. Les supporters du CA représentent dans ce contexte tout un univers qui oppose à la nostalgie d'un passé glorieux l'incertitude du présent que symbolise la superbe du club de Bab Jedid. Remplir les gradins est pour eux un rituel, un cérémonial, un véritable référent universel pour ses aficionados. Rendez-leur ce plaisir, ce moment de communion sans pareil sous réserve qu'il adhère à une charte dont les contours seront définis de manière précise».