L'inauguration, à Sfax, du deuxième bureau de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), en Tunisie, également premier bureau régional dans la zone MENA, offre de nouvelles opportunités à 500 entreprises ciblées dans les régions du Centre et du Sud. Les entreprises qui sont éligibles à un financement direct sont «plus consistantes que les PME, a indiqué Marie-Alexandra Veilleux-Laborie, Chef du Bureau de la Berd. Sachant que la Berd investit en Tunisie depuis 2012, nous avons jusqu'à présent octroyé des financements de deux à quatre millions d'euros à 25 entreprises privées de ce type en Tunisie opérant principalement, en l'occurrence,dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'huile d'olive, de l'automobile et dans les TIC, pour un montant total de plus de 300 millions d'euros. En outre, la Banque fournit ou a fourni une assistance technique à plus de 300 PME tunisiennes.» Concernant les PME, par contre, Marie-Alexandra Veilleux-Laborie précise : «Lorsque la taille d'une PME ne lui permet pas d'accéder à notre financement direct, le financement de cette dernière se fait par l'intermédiaire des établissements financiers tunisiens, comme les banques, les sociétés de leasing et les fonds d'investissement auxquels nous aurons déjà octroyé des lignes de crédit au profit de cette catégorie de PME de petite taille. D'ailleurs, nous sommes aujourd'hui le premier bailleur de fonds en Tunisie, actif dans le secteur financier. Ainsi, plus nous accompagnerons les institutions financières par un financement, plus il y aura d'accès aux PME. Nous avons financé jusqu'à présent plus de 2300 PME indirectement via ces lignes de crédit et nous comptons continuer sur cette voie». Commentant l'intérêt de la dimension régionale, la responsable du Bureau de la Berd en Tunisie Marie-Alexandra Veilleux-Laborie, a déclaré : «Le nouveau bureau de Sfax s'insère dans le cadre de l'extension des activités de la banque et la focalisation de son développement sur l'inclusion régionale, une dimension qui est devenue très importante après la Révolution en Tunisie. Elle sera, d'ailleurs, au centre de la stratégie du pays qui sera rédigée l'année prochaine pour les quatre années à venir». Dans quelle mesure peut-on dire que l'ouverture du bureau de Sfax constitue un grand événement ? Pour Zied Lâadhari, ministre de l'Industrie et du Commerce : «L'intérêt majeur de l'ouverture du bureau de Sfax est qu'il permet une meilleure proximité avec les entreprises et qu'il contribue à en accroître la réactivité et l'efficience». Le ministre a salué cette dimension «aux retombées positives sur le développement et l'amélioration des prestations des nombreuses entreprises des régions du Centre et du Sud». De son côté, l'ambassadeur de l'Union européenne, Patrice Bergamini, a affirmé : «L'ouverture d'un bureau à Sfax confirme notre volonté de soutenir la transition en Tunisie dans les régions. S'inscrivant dans le cadre du programme Pacs financé par l'UE, elle va assurer un appui pointu, rapide et efficace, aux 60.000 PME de Sfax, et à celles du Sud et de l'intérieur de la Tunisie pour renforcer leur compétitivité et leur donner les moyens d'accéder aux marchés internationaux. Ce bureau ciblera 500 entreprises qui profiteront d'un appui personnalisé et direct, ce qui les aiderait à acquérir davantage de flexibilité et de réactivité. Concrètement, cela se traduit par un montant de10 millions d'euros et un soutien à la compétitivité des PME de cette région. Ces 10 millions d'euros faciliteront également l'intégration régionale de Sfax et son arrière-pays, pour qu'elle joue encore pleinement son rôle de carrefour Nord-Sud / Est-Ouest pour la Tunisie mais aussi au niveau maghrébin». Et M. Bergamini, d'ajouter : «J'arrive avec beaucoup d'humilité, en Tunisie où je fais mon come-back après une absence de 20 ans. J'estime qu'il y a tellement de choses à faire, tellement d'opportunités à saisir et tellement d'énergie dans ce pays que j'arrive avec la formidable envie de travailler ensemble et je suis sûr que ça va bien se passer.» Répondant à la question concernant la différence entre la Berd et les autres banques, Marie-Alexandra Veilleux-Laborie a indiqué : «La Berd est une institution par elle-même très différente des autres banques. Nous sommes une institution multilatérale de développement. Nous avons des actionnaires dans 65 pays et notre mandat est d'accompagner la Tunisie dans sa transition politique et économique. Notre projet de financement est soumis à des considérations liées à la rentabilité financière mais également à l'impact sur le développement économique du pays. L'autre rôle, c'est d'être complémentaire des autres banques commerciales tunisiennes auxquelles nous octroyons des lignes de crédit dédiées aux PME. Par ailleurs la Berd, ce n'est pas uniquement une institution financière internationale, c'est également une institution apolitique qui s'engage dans un dialogue politique avec les autorités en vue d'introduire des réformes pour améliorer le climat des affaires. Donc, nous sommes une force de lobbying pour mener à bien certaines réformes. La troisième spécificité, c'est que nous fournissons assistance technique et conseils aux petites et moyennes entreprises de façon directe. Nous mettons l'entreprise en relation avec des experts en métiers internationaux, des conseillers locaux pour améliorer leur procédure, leur gouvernance, leur manière de gérer, etc.» A l'occasion de l'ouverture du bureau de la Berd à Sfax, une séance a été consacrée au lancement officiel des activités «Appui aux PME, dans le cadre du Programme d'appui à la compétitivité des services (Pacs). Le programme a comporté une allocution prononcée par Charlotte Ruhe, directrice à la Berd, en charge du Pacs, ainsi que des témoignages de bénéficiaires de ce programme qui ont mis en valeur l'apport dans la bonne marche et le redéploiement des activités de leurs entreprises réciproques.