Succédant à la désignation du ministère des Sports et à, plus tard, la désignation et aux élections partielles, l'expérience des élections sportives, depuis 2011, mérite une remise en question. Les aberrations, la concentration du pouvoir et l'exclusion se sont aggravées Toute la Tunisie a changé après ce 14 janvier 2011. Tout un système ou, bien entendu, une partie du système devrait changer. Les élections, la démocratie, le choix «libre» en politique sont devenus des outils de gouvernance inévitables. En sport, domaine sensible et «politisé» directement et indirectement, le recours aux élections était une sorte d'obligation. On ne pouvait pas fuir cette nouvelle tendance dans le pays et, en même temps, une tradition sacrée dans les institutions sportives internationales. C'est vrai qu'en 2009, on a eu des élections dans toutes les fédérations, mais on sait tous comment cela s'est passé, et même s'il y a eu une volonté dans les urnes, la décision politique à l'époque était manipulée et orientée vers une seule direction, celle du régime. Quelque chose a changé après 2011? Dans la forme, c'est un changement radical. On a eu des élections ouvertes ou si vous voulez «libres». Le gouvernement ou le parti unique n'impose plus ses hommes et femmes. Les clubs sont alors les votants qui ont choisi leurs mandatés à l'entité fédérale. Scrutin sur les listes, critères qui diffèrent d'une fédération à une autre selon ses statuts, mais qui se rejoignent en deux points. Ce sont des critères en général d'exclusion ; et ce sont des critères dans plusieurs cas sur mesure en faveur du bureau sortant. Encore la même question: y a-t-il quelque chose qui a changé ? La pratique démocratique est un fait. Il n'y a plus d'ascendant du gouvernement sur ces élections comme avant. Mais ce sont pratiquement les mêmes personnes qui sont aux commandes et où de moins en moins de gens sont intéressés par la course électorale. Le décor dans ces fédérations est pratiquement le même avec une concentration du pouvoir dans le poste de président qui fait tout, entre technique et administratif. La gouvernance en sport, concept bien développé en Europe, est quelque chose de très loin du côté de nos fédérations. Les élections sont devenues alors une simple formalité pour les clubs et pour les autorités du sport. Ça n'a pas mis en évidence des outils scientifiques de bonne gouvernance, d'implication de tous les acteurs sportifs, et, surtout, ça n'a pas permis de concrétiser le principe de l'indépendance. La politique est toujours là, avec des partis qui mettent la main sur des fédérations, le pouvoir de l'argent est de plus en plus omniprésent avec un jeu d'intérêts manifeste et une influence des présidents-hommes d'affaires. Changer... Pour atteindre des performances sportives de haut niveau (championnats du monde, jeux olympiques...), la gestion fédérale doit être professionnelle et normative. Les bureaux fédéraux, investis d'un énorme pouvoir (choix des objectifs sportifs, de la politique générale, répartition du budget, gestion des compétitions...), doivent jouer plus les rôles qui leur sont dictés. Savez-vous qu'avant 2011 et après, la plupart des membres fédéraux s'absentent et disparaissent aussitôt élus? En l'absence d'une réglementation rigoureuse appliquée et faite d'éthique, les procès-verbaux sont envoyés pour les absents pour être signés, même quand ils sont absents! Les élections n'ont pas conduit, dans le cas de notre sport, à une confrontation d'idées et de projets pour le développement du sport et l'amélioration des méthodes de gestion, mais plutôt à une lutte acharnée et personnifiée pour le pouvoir. Le sport est aujourd'hui une vitrine très intéressante pour constituer un réseau de relations et pour se faire une image. Les élections sont devenues donc pour plusieurs personnes un moyen d'atteindre leurs objectifs, celui de mettre la main sur une fédération et sur un sport. Le mode électoral est lui aussi à revoir : pourquoi pas un scrutin selon le poste et la compétence tels que président, vice-président, trésorier, responsable marketing, responsable commission médicale, etc.? Dans ce cas, on est sûr que les membres fédéraux seront capables d'apporter le plus et non de désigner quelqu'un qui n'a pas le profil adéquat pour ce poste. Le fait aussi que certains statuts accordent au bureau sortant le soin de tenir les élections et de siéger sur les conditions est aussi quelque chose de très grave. Sans parler des interférences et de l'influence d'un bureau sortant sur les intentions de vote. En somme, les élections n'ont pas résolu les problèmes des fédérations sportives. La forme, le mode et le jeu d'intérêts, faute de garde-fous, ont fait que cela se transforme en une simple formalité.