Et si la chute de la FT de Judo en annonçait d'autres ? Et d'un ! Dans le bras de fer qui oppose depuis le 14 janvier le ministère de la Jeunesse et des Sports, la majorité écrasante des médias et les sportifs aux fédérations en place, le premier camp vient de remporter sa première grande victoire. Elle a été longue à venir, mais la chute de la maison-judo devrait marquer la fin d'une époque et d'un système qui devant duraient 23 bonnes années. Après la diplomatie et le choc frontal, l'autorité de tutelle a opté pour une méthode plus efficace : imposer un contrôle strict aux fédérations en place. A tous les niveaux. Or, on sait qu'aucune fédération ne peut résister à pareil «siège» car le contentieux financier, sportif et administratif est souvent lourd, très lourd, résultats de décennies de mauvaise gestion. Résultats aussi de liaisons dangereuses entre le monde du sport et celui de la politique, entre le monde du sport et le défunt RCD. Faut-il rappeler que, durant l'ancien régime, l'absence d'élections démocratiques et transparentes, ainsi que les «désignations» masquées en élections n'étaient pas que l'apanage des présidentielles ou des parlementaires. Elles touchaient tous les domaines de la vie du pays. Le sport aussi évidemment. De ce fait, la démarche du ministère de la Jeunesse et des Sports était dans la logique des choses et de la… révolution: on remet les choses à plat à travers le départ des actuels bureaux fédéraux désignés et non élus et on organise de véritables élections. Pas d'exclusion non plus puisque les présidents et les membres des bureaux fédéraux sortants ont parfaitement le droit de se représenter. Ces décisions ont pourtant provoqué une véritable levée de boucliers de la part des actuels présidents de fédérations, pour la plupart (sinon la totalité) désignés. Qui sont allés chercher secours et solidarité auprès d'un comité olympique à son tour illégitime, pour abriter des sociétaires qui avaient l'aval d'un président qui a pris la poudre d'escampette (Slim Chiboub en l'occurrence) et dont le départ fait automatiquement tomber la totalité des membres par lui intronisés. Appui et solidarité d'autant plus naturelle qu'on retrouve parmi ses membres des ex ou actuels… présidents de fédérations: Hédi Mhirsi (judo), Dhaou Chamekh (boxe), Youssef Kortbi (handball) et d'autres encore qui ne sont pas peu nombreux. Ces messieurs vont encore plus loin dans ce bras de fer puisqu'ils multiplient les réunions, clament leur indépendance (quand on sait que l'Etat, le ministère et le contribuable tunisien sont leurs principaux bailleurs de fonds), présentent leur propre projet des statuts des fédérations, «brandissent leur légitimité», fustigent le ministère, coupable à leurs yeux «d'user de méthodes arbitraires d'une ère irrémédiablement révolue après la noble révolution du 14 Janvier». Hallucinant ! A six mois des Jeux olympiques, ce bras de fer surréaliste n'est pas très bon pour nos athlètes. Et tout le monde se demande pourquoi nos présidents ne se plient pas aux exigences de l'après-révolution. Ont-ils peur de véritables élections ou alors ont-ils des choses à cacher? Nous attendons toujours les réponses. Et pourquoi pas l'effet domino ?!