La guerre est déclarée contre ce fléau qui gangrène le pays. Mais il faut trouver une réponse à cette question : quelles recherches et quelles formations pour le développement d'une culture contre la corruption ? « L'objectif est de gagner cette guerre contre la corruption » déclare Chawki Tebib, président de l'Inlucc (Instance nationale de lutte contre la corruption). C'était lors d'un atelier organisé jeudi dernier à Tunis, dans un hôtel de la place, avec la participation de plusieurs compétences tunisiennes. Cet atelier avait pour mission de développer une réflexion pour la mise en place du Centre d'études, de formation et d'information sur la lutte contre la corruption. Dans son allocution à l'ouverture, M. Mehdi Ben Gharbia, ministre des relations avec les instances constitutionnelles a assuré que le gouvernement d'unité nationale s'engage à soutenir l'Inlucc dans son action. Jeehyun Yoon, représentante de la Koica Tunisie (agence coréenne de Coopération Internationale), a ajouté que ce centre d'études, de formation et d'information sur la lutte contre la corruption est l'endroit idéal pour développer cette culture contre la corruption. La Tunisie est un contexte spécifique et il serait souhaitable de multiplier les efforts et d'assurer la continuité. Mais comment faire pour instaurer une culture de lutte contre ce fléau qui gangrène déjà le pays et qui est devenu, en lui-même, une culture ? Il fallait tout d'abord l'expliquer, en identifier les mécanismes, définir les secteurs à risques et les publics cible. Les interventions étaient pour la plupart passionnées. Certains participants ont même évoqué des cas où l'on a transgressé la frontière du droit et de la morale. Les actes de corruption font désormais partie de notre paysage quotidien. Rappelons que d'après le rapport de Transparency International relatif à la perception de la corruption dans le monde, la Tunisie occupe la 76ème place. Elle a devancé d'autres pays arabes tels que l'Egypte et demeure la première du classement à l'échelle du Maghreb. Et, selon des statistiques réalisées par Hassen Zargouni (sigma conseil), il existe, chez nous, plusieurs formes de corruption : les pots de vin, le favoritisme, le népotisme et les cadeaux. Ces actes sont perçus comme une offense à la morale, une infraction, un fléau qui ronge l'administration tunisienne. Les domaines les plus exposés à la corruption sont les administrations publiques, le secteur de la sécurité, celui de la santé, et le milieu scolaire. Faut-il encore avoir des preuves pour dénoncer les faits, surtout qu'un autre phénomène est apparu : la disparition mystérieuse des archives. Où en sont les sanctions pour ceux qui ont sapé notre économie et qui ont été déjà dénoncés? Comment faire pour que la population peu avertie de ses droits cesse de considérer les actes de corruption comme un acte banal et toléré ? Comment détecter et prévenir les faits? Comment protéger les lanceurs d'alerte ? Quel contrôle pour l'efficacité des procédures mises en œuvre ? La séance matinale a été clôturée par les recommandations suivantes : promouvoir la bonne gouvernance, mettre en place des structures pour les législations, utiliser les nouvelles technologies pour la prévention contre la corruption, prévenir par la restructuration de l'administration, lever le voile sur cette opacité qui existe dans nos institutions, activer les décrets d'application, réfléchir un texte juridique qui protège les lanceurs d'alerte, cibler les corps de métier et les impliquer dans cette lutte, mettre en place un programme de sensibilisation pédagogique, aider le pays à avoir une mémoire et symboliser les évènements... Le débat s'est poursuivi, l'après midi. Les participants ont encore proposé des solutions, tout en étant conscients que le chemin est encore long et glissant. Et pour reprendre la citation d'Aldous Leonard Huxley, (1894 -1963) écrivain britannique plus particulièrement connu pour son roman « Le Meilleur des mondes », « Mieux vaut le sacrifice d'un seul que la corruption d'une quantité de gens ».