Le ministère a finalement résolu le problème en triplant le budget réservé aux médicaments des structures de première ligne. Au cours des derniers mois, les pharmacies des structures de santé de première ligne ont vu leurs stocks de médicaments s'amenuiser progressivement, ce qui a fini par perturber l'approvisionnement des patients atteints de maladies chroniques qui n'ont pu avoir leurs médicaments. Ces ruptures de stocks concernent notamment les traitements de longue durée prescrits pour certaines maladies chroniques telles que l'hypertension, le cholestérol, le diabète... Les médecins ont l'habitude de prescrire à leurs patients atteints de maladies chroniques des ordonnances renouvelables tous les trois ou six mois pour leur éviter les déplacements fréquents ainsi que les désagréments liés aux procédures et règlements pour obtenir leurs médicaments. Les patients ont dû alors recourir aux officines des hôpitaux pour avoir leur traitement, ce qui a augmenté l'encombrement des établissements publics de santé (EPS). Ceux, par contre, qui habitent loin des hôpitaux ont été privés pendant plusieurs semaines de médicaments, entraînant une dégradation de leur santé. Réapprovisionnement des stocks épuisés dans les officines C'est la mauvaise répartition du budget destiné à l'approvisionnement des stocks qui serait en grande partie responsable de cette situation. En effet, bien que les EPS distribuent moins de médicaments pour les maladies chroniques, elles disposent pourtant d'un budget plus élevé que celui des dispensaires de première ligne qui assurent la plus grande partie de l'approvisionnement de ces médicaments. Le ministère a finalement résolu le problème en triplant le budget réservé aux médicaments des structures de première ligne. «Lorsque les personnes souffrant de maladies chroniques sont privées de leurs médicaments, des complications surviennent. La prise en charge de ces complications pèse lourd sur le système de santé national. Il faut, par conséquent, trouver des solutions», a relevé le Pr Nadia Fenina, conseillère et chargée de mission auprès du ministre de la Santé. Cette semaine, le ministère a prévu de réapprovisionner les stocks épuisés des dispensaires par plus de trente classes de médicaments destinés au traitement des maladies chroniques, ce qui permettra de mettre un terme au problème de rupture de stock observé dans les officines de ces structures. C'est la direction des soins de santé de base (Dssb) qui a été chargée du programme pour les structures de première ligne et dont le coût global s'élève à 47 millions de dinars. «Notre objectif est de renforcer les stocks des structures de première ligne afin d'améliorer la disponibilité et l'accès aux traitements des maladies chroniques aux patients de ces structures», a ajouté la conseillère du ministre de la Santé. Contrôler les entrées et les sorties des médicaments Si l'augmentation du budget va permettre de renforcer l'approvisionnement des stocks des structures de première ligne, cela ne résoudra pas pour autant l'autre problème auquel sont confrontés les dispensaires depuis des années, à savoir le vol, même s'il est mineur selon le ministère, des médicaments provenant des officines. Il est, en effet, difficile de contrôler les entrées et les sorties de médicaments qui disparaissent souvent mystérieusement des étagères dans la plupart de ces dispensaires, obligeant ainsi les patients à aller chercher leurs médicaments ailleurs. Certains membres du personnel de ces structures en auraient probablement profité pour fournir et vendre à moindres prix des médicaments à l'extérieur de ces structures. Et seul un système informatisé de distribution journalière individuelle et nominative, à l'instar de celui qui existe actuellement dans certains hôpitaux tels que Habib-Thameur, pourrait garantir une meilleure gestion et traçabilité des médicaments dans les quelque 2.400 dispensaires répartis sur tout le territoire.