" Les durées d'attente dépassent les seuils acceptables dans des pathologies vitales telles que la cardiologie, la néphrologie.... Les soins par radiothérapie n'attendent pas et le retard des soins minimise les chances de guérison ... Les Etablissements Publics de Santé " EPS " ne sont pas en mesure d'accueillir des patients en traumatologie ... Les maternités sont encombrées ...", C'est ce que ne cessent de clamer les malades ayant choisi de se soigner à l'hôpital public, deux ans après l'entrée en application de la réforme de l'assurance-maladie. Lesquels patients affirment que : " puisque plus des deux tiers des affiliés sociaux ont opté pour la filière publique, la CNAM est tenue de mettre à niveau les EPS, ne serait-ce qu'avec le plus de contributions prélevées sur les salaires de ces affiliés sociaux au titre de la CNAM et qui s'élève à des dizaines de millions de dinars " Ces propos sont confirmés par le corps médical qui déplore, en plus, le manque de personnel paramédical ainsi que la centralisation poussée qui ne favorise pas la célérité dans la réaction des EPS face aux attentes du public. Les EPS ne répondent apparemment pas, à temps, aux attentes des malades qui se trouvent contraints à s'adresser au secteur privé moyennant des dépenses souvent supérieures à leurs capacités financières, même après l'entrée en vigueur de la CNAM car, d'une part, les durées d'attente sont longues dans le public et, d'autre part, le champ d'interventions de la caisse est encore réduit aux pathologies les plus fréquentes. Or, le patient préfère ne pas attendre surtout lorsqu'on lui parle de risque d'éventuelles complications sanitaires et il préfère faire face à des sacrifices financiers. Au fait, si la possibilité existe, a-t-on vraiment le choix ?
L'état des lieux En essayant de voir plus clair dans la situation qui prévaut dans les hôpitaux, il a été constaté que les durées d'attente sont vraiment longues aussi bien pour les pathologies vitales que fonctionnelles et elles constituent l'un des principaux handicaps de la prise en charge des patients dans le secteur public de la santé. D'ailleurs, même l'ouverture sur le privé n'a pas eu l'effet escompté de réduction du flux des patients dans les EPS car près de 75 % des affiliés sociaux ont opté pour la filière publique. En plus, l'expérience de la cardiologie et de la néphrologie qui ont été ouvertes au privé avant même l'avènement de la CNAM et a montré que l'hôpital public est incontournable et que sa mise à niveau est impérative. Les EPS étant la colonne vertébrale du système de la santé en Tunisie. Une autre remarque mérite d'être soulignée à propos des maternités qui sont encore encombrées malgré la prise en charge du suivi de grossesse et de l'accouchement par la CNAM. Seule la minorité qui disposait déjà auparavant d'une assurance complémentaire, a continué à se faire suivre médicalement dans le secteur privé. Les autres continuent de consulter aux EPS et espèrent une mise à niveau qui tarde à voir le jour. On remarque également que l'infrastructure en traumatologie ne permet point de répondre aux besoins des malades. " Des fractures de col de fémur ne sont pas prises en charge à temps et d'une façon convenable. ", assurent des patients. La radiothérapie et la neurochirurgie connaissent des durées d'attentes suffisamment longues pour minimiser, sinon compromettre, les chances de guérison des malades. Ceci du côté des pathologies vitales. Quant aux pathologies fonctionnelles, les durées d'attente dans l'orthopédie et l'ophtalmologie battent tous les records et les rendez-vous peuvent se faire plus d'une année d'avance. En plus, la situation dans les EPS est nettement en deçà de ce qui est demandé à une structure publique de santé qui est tenue d'assurer des soins de 1ère qualité, une formation médicale et paramédicale adéquate et une recherche scientifique censée être de pointe. Les EPS souffrent en effet de trois maux. D'abord, Les structures lourdes disponibles ne sont pas à la pointe du progrès et elles sont dépassées techniquement et médicalement, même par le secteur privé en Tunisie. Ensuite, les EPS sont en régression par rapport au standard international. Enfin, la qualité des soins dispensés souffre du déficit chronique en personnel et en budget. Rien n'a changé depuis l'avènement de la CNAM malgré la disponibilité théorique de l'argent. Le constat n'est apparemment pas encourageant et laisse place à pas mal d'attentes que la CNAM n'est pas encore parvenue à réaliser.
Les attentes Les adeptes des hôpitaux se trouvent donc entre le marteau de la lenteur des procédures dans ces EPS et le " saignement " financier dans le secteur privé auxquels ils ne sont pas suffisamment fournis, malgré l'apport de la CNAM. Ils ne cessent d'attendre cette mise à niveau qui tarde à se réaliser. La réforme de l'assurance maladie couvre uniquement quelques pathologies prioritaires et les assurés sociaux espèrent voir s'élargir la liste des pathologies prises en charge. Les attentes des assurés sociaux tiennent également à un meilleur suivi de leurs maladies à commencer par la disponibilité des médicaments dans la pharmacie de l'hôpital. En effet, le patient ayant opté pour la filière publique a droit d'obtenir les médicaments prescrits en payant uniquement le ticket modérateur. Or, les officines des hôpitaux continuent d'ignorer cette disposition légale arguant toujours la rupture continue des stocks et exploitant de fait l'ignorance des affiliés des dispositions de la nouvelle loi. La CNAM est tenue de palier cette insuffisance car les affiliés sont, d'abord et avant tout, des adhérents à la CNAM qui est appelée à respecter ses engagements à leurs égards et, entre autres, la mise des médicaments à la disposition des affiliés ayant opté pour la filière publique de la santé. Les assurés sociaux continuent d'espérer voir se réaliser cette mise à niveau promise, en même temps que l'élargissement des pathologies prises en charge par l'assurance maladie. Ils constatent d'ailleurs que cette réforme s'est pratiquement limitée à l'ouverture sur le secteur privé de la santé alors qu'elle est appelée à toucher essentiellement les EPS qui restent le pilier du secteur de la santé.