Une réunion se tiendra demain sous la tutelle du ministère du Transport pour négocier les éventuelles issues. Ce qui laisse prédire de fortes probabilités d'annuler ou de reporter ladite grève Les chambres régionales syndicales des chauffeurs de taxi menacent de faire grève, demain, en guise de protestation contre le comportement souvent abusif dont usent certains agents de la police de la circulation à leur encontre. Certes, les chauffeurs de taxi ne sont pas à l'abri d'infractions routières, du fait qu'ils sont toute la journée sur les routes. Certains d'entre eux font même exprès de griller un stop, de faire un dépassement interdit ou de ne pas respecter la priorité. Mais cela ne devrait pas mener, selon eux, à des règlements de comptes collectifs visant tous les véhicules jaunes. C'est ainsi d'ailleurs que les taxistes expriment leur ras-le-bol et refusent de devoir subir des injustices pratiquées à leur encontre au nom de l'application de la loi. M. Moez Sallami, qui porte la double casquette de président de la Chambre nationale syndicale des chauffeurs de taxis et de vice-président de la fédération du transport au sein de l'Utica, indique à la Presse que les taximen revendiquent le droit à une application juste des textes de loi. De la provocation légale ? En effet, bon nombre de PV mériteraient d'être révisés en raison du recours de certains agents de l'ordre aux pénalités extrêmes à l'encontre des taxistes. «La plupart des agents de police de la circulation ne se conforment pas au principe de progression dans l'application des pénalités routières. Pour relever une infraction, les agents de l'ordre infligent souvent le seuil maximal de l'amende appropriée. Cet usage abusif des textes de loi témoigne d'une volonté confirmée, de leur part, de pousser les choses à l'extrême et de préparer le terrain à la provocation, à la grogne et à la tension», explique M. Sallami. La liste des hics qui opposent les taxistes aux agents de la police de la circulation est bien longue. M. Sallami en cite, à titre indicatif, la pénalisation des chauffeurs barbus qui, pourtant, détiennent des permis de conduire illustrés par des photos d'identité dans lesquelles ils apparaissent comme tels. Le président de la chambre syndicale nationale souligne l'intérêt qu'accorde le syndicat à l'apparence des taxistes que l'on veut respectable et présentable. «Mais de là à imposer une amende de 150 dinars contre un chauffeur sous prétexte qu'il est barbu, je trouve cela injuste», renchérit-il. Toujours dans la continuité des motifs qui poussent les taxistes à dire «stop» à l'abus de pouvoir : les PV relatifs au refus de prendre un client. Le responsable insiste sur la nécessité de notifier les coordonnées du client en question afin que tout se passe dans la transparence requise. Ce qui n'est, cependant, pas toujours évident ! Les hors-la-loi courent toujours... A l'abus de pouvoir dont font preuve certains agents de l'ordre, s'ajoute l'insouciance quant aux intrus qui présentent un danger insoupçonnable tant au secteur qu'à la sécurité des usagers de la route. M. Sallami, et au nom de tous les taxistes, s'indigne de constater, depuis moult années, le laxisme des parties concernées quant au fléau du transport anarchique qui règne en maître dans les régions du Grand-Tunis sans que cela n'intrigue ni interpelle les parties concernées et encore moins les agents de l'ordre. «Ces derniers s'en prennent aux taxistes pour fermer l'œil sur les hors-la-loi. Cette situation est plus qu'inadmissible», juge-t-il. Les négociations continuent Face à la colère des taxistes, la Chambre nationale syndicale des chauffeurs de taxi soutient les revendicateurs et s'engage à veiller sur l'organisation pacifiste de cet acte de protestation. Entre-temps, des réunions journalières se tiennent, depuis jeudi dernier, afin d'examiner les dispositions des parties concernées quant à la résolution de ces problèmes. «Nous avons été contactés par le ministère du Transport qui nous a conviés à une réunion nous regroupant ainsi que le syndicat des forces de l'ordre. Cette réunion se tiendra lundi et coïncidera donc avec la date fixée pour la grève », souligne M. Sallami. Ce qui laisse prédire de fortes probabilités d'annuler ou de reporter la grève prévue pour demain. «Le contexte national est assez délicat. Nous ne voulons pas de protestations spontanées qui risqueraient de semer l'insécurité. Nous voulons que justice soit faite : l'application littérale de la loi et la révision des PV abusifs», conclut-il.