Bâtisseur ou fossoyeur, quel bilan de l'action du président en exercice ? Une fois intronisé en 2012, le président en exercice voulait faire du CA la locomotive du football tunisien. Sauf qu'à force de vouloir aller plus vite que la musique, il a plus d'une fois mis la charrue avant les boeufs, se confrontant de fait à de multiples aléas liés au fonctionnement et à l'environnement du CA. La saison dernière, le plus gros budget de la Ligue 1 s'est même, comble du paradoxe, morfondu dans les tréfonds du classement, et le désamour entre cette institution et ses supporters n'a jamais été aussi grand. Un fossé qui était devenu difficile à combler entre exigences du haut niveau, moyens de ses ambitions et actions à entreprendre pour épouser l'air du temps (mise à niveau du Club Africain). Il n'en fallait pas plus pour que la crise s'installe sur fond d'instabilité chronique du management général. Car les tenants du club en ont remis une couche via la dissolution du bureau directeur et un présidentmécène qui veut désormais passer la main. Durant plus de deux mois, le club de Bab Jedid a même vécu une certaine vacance du pouvoir, sans exécutif, tel un bateau ivre ou un avion sans pilote. Puis, après des mois de folles rumeurs à peine voilées parfois, Slim Riahi retrouve ses esprits; la raison et la sagesse l'ayant emporté sur le paradigme des décisions prises sous le coup de l'émotion et même de la colère. Il n'y aura finalement pas de passage de témoin. Slim Riahi étant revenu à de meilleurs sentiments, il continuera à financer le CA, mais pas de la même manière. Le président du consensus et du travail collégial succédera à l'hyper-président, boulimique de changement, passant d'un tribun prolixe à souhait à un profil plus discret, concis et moins théâtral. Cette volte-face, si elle a surpris plus d'un acteur du paysage sportif tunisien, et rassurait quelque peu les épris de CA, aura mis fin à des mois de désillusions, entrecoupées de très rares éclaircies pour les supporters. Certes, l'inoubliable «raté» de la finale de la Coupe de Tunisie n'a ensuite pas manqué de raviver quelques vieux démons. Sauf que là, nous ne sommes plus sur le terrain de l'organigramme et du management mais dans l'émanation de l'association sportive, sa quintessence par son essence même, soit le poids de son produit sur le terrain. Sur ce, l'austérité dame le pion à l'abondance, et finie l'ère des starlettes et autres strass et paillettes. Instabilité chronique Cependant, qu'il pèse de tout son poids sur le marché des transferts ou qu'il recrute intelligent, le résultat est le même pour le CA. En quasiment cinq ans, le CA a surtout vu ses trois principaux concurrents garnir leurs vitrines de trophées, pendant qu'il voyait son prestige s'étioler au fil du temps. En cinq ans, le CA n'aura remporté qu'un titre de champion. Un bilan famélique pour l'un des doyens du football tunisien. Et ce n'est pas tout, plombé par des affaires d'impayés qui ont éclaté dans le courant de cette année, le CA voit sa réputation entachée et son aura égratigné. Il doit vite retrouver une meilleure visibilité. Pour ce faire, et sous l'impulsion de son président-mécène, il doit de nouveau retrouver de l'ambition, dans le recrutement puis sur le terrain. Sauf que l'on ne peut éternellement bâtir autour de nouveaux joueurs d'expérience associés à des jeunes prometteurs. On efface tout et on recommence. On pense ainsi reprendre à zéro mais on reste à zéro en fin de compte ! Les «mauvaises langues» s'avanceront même à dire que le titre de l'avant-dernière saison est à mettre au crédit du «parasuicide» du principal concurrent du CA, plus qu'à une organisation pérenne digne d'un grand club. En clair, à l'image des autres prétendants classiques, le CA doit pencher vers un changement dans la continuité quand cela est nécessaire pour avancer. Car un chamboulement total trop brusque, peu réfléchi, en rien stratégique, risque de perturber le fragile équilibre actuel (encore une fois). Il faut agir par touches, par à-coups. Le CA de Slim Riahi aura jusque-là été marqué par une instabilité chronique. Le club aura consommé une batterie d'entraîneurs et des pans entiers de son organigramme ont été touchés. Les erreurs de casting se sont multipliées, les joueurs de type consommable sont légion, ce qui met à terme en péril toutes les étapes du processus de recrutement. Maintenant que le mal est fait, il s'agit d'y remédier. Car tout n'est pas à jeter dans le bilan de Slim Riahi. L'on retiendra qu'il a ainsi préservé le CA de la «faillite financière» à plusieurs reprises en injectant de gros montants pour résorber les déficits. Reste maintenant à investir dans l'actif tangible du club: l'effectif. C'est le voeu des supporters. La «feuille de route» du président du CA doit être claire : il doit rebâtir!