Depuis quelque temps, le CA cumule les pertes sur fond de situations contrastées. En agrégeant les résultats d'ensemble, les exercices déficitaires s'enfilent comme des perles! Le CA a traversé une période agitée la saison passée. Et pas seulement parce que le club, au sortir d'une saison catastrophique, s'est illustré par une instabilité chronique qui a touché des pans de son organigramme en passant par le volet sportif et technique. Non, la comptabilité du CA s'est invitée au débat. Des problèmes d'impayés ont même failli précipiter rien de moins que la disparition du CA, s'ils n'étaient pas solutionnés et résolus à terme (deadline enjoint noir sur blanc). La discorde entre certains ex-joueurs et leur émanation professionnelle, le bureau directeur, a même parfois atteint des stades inquiétants. Plus de respect des conventions. La rupture a été à la fois brutale et incendiaire (effets d'entraînement). Depuis quelque temps, on s'est beaucoup attelé à tirer sur l'ambulance clubiste. Précisément en pointant du doigt le management global du Club Africain. Ils en font trop ou pas assez. Mais jamais comme il le faut. Comme un club de la trempe du CA doit être géré au passage, de manière exemplaire et collégiale. Au club de l'idéalisme à outrance, les dirigeants jouent toujours avec les nerfs des supporters. Leur promettre monts et merveilles fait presque office de slogan via des relations ambiguës qui ne servent pas forcément les desseins du Club Africain. Les présidents passent et l'institution clubiste reste. Mais ce qui est assez particulier chez les fans est en rapport avec cette recherche permanente d'un homme à poigne, un chevalier capable de protéger la fondation. Il n'est pas ici question de défiance mais d'opter pour un choix capable de préserver l'ambition et protéger derechef les intérêts du CA. Un frein plus qu'un accélérateur, voilà ce que redoutent les inconditionnels du Parc A. Ces derniers sont d'accord sur un point. Il faut travailler en bonne intelligence pour le bien du CA. Car l'image de l'exécutif clubiste rejaillit sur l'association de 1920 et inversement. Bref, les deux entités doivent être étroitement liées pour évoluer vers un destin commun: la réussite du CA. Pas de place désormais au clientélisme, au sentimentalisme et à la rupture avec le passé. L'ouverture naturelle sur son environnement immédiat devrait davantage être mise en valeur. Participer à la création d'un baromètre intra-muros. Collecter une myriade de données pour créer un index du club, sorte de recensement de toutes les statistiques liées à la vie du CA actuel. Cette proximité pour un club populaire peut avoir des vertus incommensurables, déteindre sur le club et se décliner sous différentes formes. Ça ne se limite pas à enfiler les sésames mais obtenir à terme une véritable exposition, attractivité et visibilité sur le double plan local et continental. Un conseil en passant pour les tenants et aboutissants clubistes. S'offrir des appuis qui comptent, c'est légitime pour évoluer et avancer. Sauf qu'au final, sans concorde à l'intérieur de la bulle du club, les mêmes maux reviendront avec insistance. C'est même simple à expliquer volet finances. L'association n'a plus de subventions d'équilibre. Et seul le président-mécène Slim Riahi met la main à la pâte pour la re-monétiser, sûrement par désir de reconnaissance que de retour sur investissement pécuniaire. Le CA ne déroge donc pas à la règle de la non-rentabilité largement répandue dans nos contrées. Pis encore : en plus de devoir rendre des comptes aux supporters, payer sans gagner n'est nullement apprécié. Un tel particularisme a de quoi refroidir bien des ardeurs. Bref, c'est forcément une perspective inquiétante pour un club en mal de bailleurs de fonds. De quoi donc braquer un peu plus les supporters qui s‘interrogent sur l'absence et non pas sur le silence des «sages» ou autre comité de soutien. Avant, bien avant, des mots revenaient sur toutes les lèvres. Ah, si le Club Africain était riche comme Crésus, à l'instar de l'Espérance ! Il s'offrirait peut-être des joueurs hors pair recrutés moyennant des devises sonnantes et trébuchantes. Il tiendrait la dragée haute à ses concurrents et tutti quanti... Tomber de haut ! Mais voilà, le CA n'est pas riche et ses joueurs vedettes ne le sont qu'auprès des fans ! Du coup, après, les Clubistes se mettent à rêver. Ils rêvent qu'un Tycoon comme Hamdi Meddeb prenne en main le destin de leur club de cœur. Ce souhait pas si farfelu que cela a finalement été exaucé en 2012. Mais au final, les supporters ne sont pas satisfaits, à raison d'ailleurs. Car ce sont bel et bien eux qui ont «le fichier client» du CA et font la pluie et le beau temps au Parc A. Ce sont eux qui maîtrisent les gradins, sorte de filtre et de contrepoids qui empêche et bloque les pilules qui ont du mal à passer. Par leurs atermoiements, ils demandent de mettre de l'ordre dans le club et dans le vestiaire. Pour la plupart, la donne est claire comme de l'eau de roche. Avant, en 2014-2015, il y a eu des effectifs pléthoriques. Aujourd'hui, beaucoup de joueurs sont prêtés, partis, vendus ou non renouvelés. Cela ne laisse pas indifférent au Parc A ! De gros salaires ont été poussés vers la sortie pour réduire les frais. Ils sont partis faire les beaux jours de l'Etoile, de l'EST et du CSS. Bref, pour les irréductibles du Parc Mounir-Kebaïli, le signal est clair. Ils veulent que les responsables reconstruisent une équipe à leur façon ! Sauf que ce n'est pas évident. Le CA n'est ni l'argentée Espérance, ni encore moins l'Etoile du Sahel soutenue pas toute une région. Mais bon, le CA a de nombreux atouts. Des atouts à faire valoir. Excusez le parallèle avec les concurrents clubistes. Mais c'est juste pour atténuer les contrecoups des décisions hautement impopulaires de ce début d'année (austérité et retour sur terre). Qu'à cela ne tienne toutefois, question potentiel de croissance, le CA n'a pas à rougir. Quant à la popularité du club de Bab Jedid, elle dépasse largement le cadre de sa région. C'est un signal fort pour les «tenanciers» et autres tauliers du CA. Celui qui sera capable de rassembler et redonner de la fierté au club aura un vrai levier de transformation. Cela tombe plutôt bien. Ce CA-là ne manque ni d'aplomb ni d'implication. Il manque juste de confiance nécessaire pour avancer dans le bon sens. D'ailleurs, le message, fût-il subliminal, des épris du CA est clair : quelles que soient ses motivations, le président du club doit serrer les boulons, écarter quelques «collaborateurs» gênants, et remettre à plat l'organisation du club s'il veut en refaire un «cador» du football tunisien et même au-delà. On ne peut que lui souhaiter bon courage.