Par Abdelhamid GMATI La Tunisie fait face à une crise économique et le gouvernement se démène pour trouver des solutions en intéressant, entre autres actions, les investisseurs nationaux et étrangers. Les militaires, les douaniers et les forces de l'ordre sont mobilisés dans une lutte sans merci contre le terrorisme et ses ramifications. Mais il est un autre phénomène qui a pris de l'ampleur ces dernières années et auquel on a décidé d'y faire face : l'illégalité. Qu'on en juge : Le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakhar, a affirmé, vendredi dernier, que le taux des constructions anarchiques a été multiplié par dix après la révolution de 2011. Selon lui, ce taux est passé de 3% à 30% en seulement cinq années, précisant que même des immeubles ont été construits anarchiquement. Le ministère se dit déterminé à appliquer la loi. Les commerces illégaux ont proliféré à travers les villes et les villages et on n'y a accordé attention que dernièrement. Ainsi, après la démolition, cette semaine, des commerces illégaux construits sur les trottoirs aux Berges du Lac de Tunis I et II, la police municipale de Sousse, de Kairouan, de Hammam-Chatt et de Hammamet ont appliqué, jeudi, des décisions de démolition prises à l'encontre de plusieurs commerces illégaux. Les propriétaires de ces espaces avaient été prévenus et un délai légal leur a été donné pour se conformer à la loi. Certains ont décidé de démonter eux-mêmes les terrasses construites sans autorisation pour éviter la démolition, en attendant de régulariser leur situation avec les autorités municipales. D'autres ont cru pouvoir narguer les pouvoirs publics et transgresser la loi. Mais cette loi est, enfin, en train d'être appliquée. Jeudi dernier, cinq chômeurs ont jugé bon de bloquer la sortie des camions de Petrofac remplis de condensat (gaz très inflammable) de l'île de Kerkennah. C'est devenu une habitude de s'en prendre à cette société dès lors qu'il y a une revendication quelconque. Et cela vient après la maîtresse de l'école, les chômeurs, les employés de la société de l'environnement, les pêcheurs au chalut. Ces personnes sont-elles conscientes qu'elles font perdre à la société quelque 400 mille dinars par jour, dont plus de 70% revient à l'Etat tunisien ? Il semblerait que les autorités ont décidé de prendre les mesures adéquates pour mettre fin à ces pratiques. Vendredi dernier, le ministère de l'Intérieur a annoncé que 867 personnes ont été arrêtées au cours de la seule journée précédente. On fait état de l'arrestation de 810 personnes, auxquelles s'ajoutent 57 autres qui ont été arrêtées pour divers délits dont 15 pour vol, 28 pour agression et 14 pour trafic et consommation de stupéfiants. Le 24 octobre dernier, les unités de la police municipale ont sévi dans les rues tunisiennes pour mettre fin au phénomène des étalages anarchiques et aux marchandises d'origine inconnue. Selon le ministère de l'Intérieur, les équipes municipales ont effectué 175 opérations de saisie de marchandises, ont rédigé 97 contraventions sanitaires, 33 procès-verbaux économiques, 21 procès-verbaux judiciaires, et ont arrêté 8 personnes recherchées ainsi que 53 personnes pour mendicité. Et le phénomène de la mendicité a également pris de l'ampleur. Mais selon une étude du ministère des Affaires sociales, 97% des mendiants sont des escrocs. Dans le monde, la fausse mendicité est estimée à 80%. En Tunisie, 65% parmi eux ont la couverture sociale et 10% sont des enfants et des handicapés. Rappelons que l'article 171 du Code pénal indique : « Est puni de 6 mois de prison, celui qui simule des infirmités ou des plaies dans le but d'obtenir l'aumône ». La peine est portée à un an contre « celui qui emploie à la mendicité un enfant âgé de moins de dix-huit ans. La peine sera portée au double si cet emploi se fait sous forme de groupes organisés ». La liste des illégalités est longue. Et il semble que les autorités sont déterminées à les combattre. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a lancé cet appel : « La crise que traverse la Tunisie commande à tous ses enfants de faire preuve de responsabilité et de sacrifices ». Sera-t-il entendu ?