Par Abdelhamid GMATI La sécurité demeure l'une des préoccupations majeures des Tunisiens. On sait les multiples actions menées sur le terrain, avec succès, par les militaires, les forces de la police, la garde nationale, la douane, dans une lutte sans merci contre les terroristes, les contrebandiers et toutes sortes de délinquants. Mais le danger nous guette encore. En témoignent les récentes découvertes à Ben Guerdane. Cinq caches d'armes ont été mises au jour en moins de 72 heures dans cette région frontalière de la Libye. On avait déjà décelé des caches d'armes mais le contenu de celles-ci — un véritable arsenal de guerre — est inquiétant : des missiles «Sam7» destinés à atteindre une cible aérienne en étant tirés depuis le sol (ou la mer et des roquettes RPJ antichar. Et bien d'autres «joujoux» du même acabit. Selon des experts, ces caches existent depuis plusieurs mois, vraisemblablement préparées pour l'attaque ratée de Ben Guerdane, en mars dernier, lorsque plusieurs dizaines de combattants armés avaient tenté de prendre le contrôle de cette ville, dont la proximité avec la Libye facilite l'acheminement des armes et le mouvement des groupes terroristes et des contrebandiers. Outre la vigilance et les interventions sur le terrain,le ministre de la Défense, Farhat Horchani, a affirmé, dimanche dernier, que l'installation du système de surveillance le long des frontières dans le sud tunisien débutera le mois de décembre prochain. Ainsi, dans deux ans, les frontières tunisiennes seront entièrement assurées par des moyens de contrôle électroniques et thermiques indispensables à la lutte contre le terrorisme et la contrebande. De son côté, la douane se renforce aussi : ainsi elle prendra livraison, le 28 novembre, de nouveaux équipements de contrôle, d'une valeur de 80 millions de dinars (MD), qui seront mis à la disposition de ses équipes permanentes et mobiles. A noter sur ce chapitre que les unités de la Garde nationale sont parvenues, durant la période allant du 6 au 12 novembre, à mettre en échec 118 opérations de contrebande d'une valeur estimée à 3 milliards, 434 mille et 23 dinars. Ces opérations ont permis l'arrestation de 1.258 individus recherchés, en plus de 6 takfiristes recherchés par plusieurs corps sécuritaires et 29 individus soupçonnés d'appartenir à une organisation terroriste. Au ministère de l'intérieur, on s'active aussi pour se doter des moyens assurant la sécurité du pays et des citoyens. Le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, a indiqué lors d'une audition auprès de la commission de l'organisation et de l'administration des affaires des forces armées de l'ARP, que la priorité du ministère demeure la poursuite des réalisations des grands projets dont la carte d'identité nationale biométrique, le passeport biométrique et la mise en place d'un système de surveillance dans le Grand Tunis. L'installation de 1.000 caméras dans les espaces publics et les grandes surfaces se fera progressivement dès la fin de cette année. Le ministre a aussi indiqué que la masse salariale des agents de la sûreté, en 2017, va connaître une hausse de 15% vu le recrutement de 3.000 agents. De la même manière, les établissements scolaires, où la violence et le trafic de drogue se sont invités, ne sont pas oubliés. Néji Jalloul, ministre de l'Education, a annoncé, vendredi dernier, que des caméras de surveillance seront bientôt installées dans les lycées secondaires et les écoles primaires, dans le cadre de la lutte contre la violence dans les espaces éducatifs. Ces caméras de surveillance seront également mises en place dans les vestiaires et aux alentours des établissements scolaires. «Le phénomène de la violence en milieu scolaire est la responsabilité du cadre éducatif et des parents à parts égales», souligne-t-il. Dans la même veine, le président de l'Instance nationale de protection des données personnelles, Chawki Gaddès, nous apprend que «le nombre de caméras installées sans autorisation préalable atteint les 30.000. Ces caméras sont installées par des citoyens et des sociétés». Et il ajoute qu'une nouvelle législation devrait être proposée par le ministère de l'Intérieur pour l'organisation de l'installation des caméras de surveillance pour protéger la vie privée et les données personnelles des citoyens. Et c'est là qu'il faut être vigilant : renforcement de la sécurité, d'accord, mais il faut aussi respecter la vie privée des individus. Le «Big Brother» n'est pas souhaité ni souhaitable.