Artistes et chercheurs se mettent en dialogue afin de développer des unités de recherches transversales pour confronter la question de l'art et de la science dans un territoire-paysages. «Under the sand» est un projet de rencontres artistiques transdisciplinaires à dimension internationale qui a pour ambition la valorisation du territoire de Gafsa. Il favorise des échanges entre des artistes tunisiens et des artistes français, au travers d'une suite de résidences et d'expositions en Tunisie et en France. Après une première résidence en mai 2016, le projet a entamé sa deuxième résidence, à Gafsa, depuis le 26 octobre pour se poursuivre jusqu'au 25 novembre. S'inscrivant dans la durée, «Under the sand» vise à co-construire, d'ici 2019, un événement régulier : une rencontre biennale alliant art, recherche scientifique et territoire. Imaginé par l'artiste français, Wilfried Nail, «Under the sand» est né en 2015, dans le cadre d'un projet de mobilité artistique en Tunisie au titre des échanges internationaux de l'Institut Français et de la coopération entre la région des pays de La Loire et le gouvernorat de Gafsa. Les problématiques liées aux notions de territoire et de transdisciplinarités ont nourri les échanges entre Wilfried Nail et la plasticienne tunisienne Souad Mani, et ont permis le développement du projet. L'intelligence collaborative, le partage de sensibilité et la dynamique des réflexions nés de cette rencontre sont au cœur de la pensée du projet. Territoire- laboratoire Comme expliqué par les organisateurs, Under the sand porte un regard « archéo-artistique » sur le territoire du gouvernorat de Gafsa, en interrogeant ses paysages historiques, politiques, écologiques et utopiques. Il engage une démarche archéologique de fouille, de déterrement, d'extraction, de filtrage, et il révèle le non-visible de ce territoire. Il s'articule également autour des problématiques hydrographiques de ce bassin minier et de ce territoire-paysages : territoire singulier et paysages multiples avec des intérêts scientifiques, culturels, historiques et anthropologiques (oasis, sites miniers et fossilifères, gisements préhistoriques, vestiges archéologiques, patrimoine agraire, patrimoine colonial, patrimoine immatériel...).Les artistes du projet sont invités à mettre en œuvre des réflexions et des expérimentations liées aux métamorphoses de tous ces paysages pour traduire des interrogations associées à ce contexte particulier. Le territoire devient un laboratoire d'investigations et d'expérimentations artistiques à ciel ouvert. «Il s'agit de travailler en extérieur, d'étudier, de collecter et de construire in situ dans différents lieux et milieux pressentis par les artistes et d'impulser des rencontres et des échanges avec les personnes qui évoluent dans ces lieux. L'idée étant de repenser avec eux les questions soulevées par le projet», notent les initiateurs du projet. Under the sand implique plusieurs modes d'expressions artistiques en connexion avec d'autres disciplines du domaine scientifique (chimie, biologie, géologie...) et des sciences humaines (littérature, histoire, philosophie, anthropologie...). Ainsi, et dans cette logique, artistes et chercheurs se mettent en dialogues afin de développer des unités de recherches transversales pour confronter la question de l'art et de la science dans un territoire-paysages. Le programme La deuxième résidence, qui a démarré le 26 octobre, a proposé, du 14 au 18 novembre, des ateliers in situ dirigés par les artistes résidents. Un bilan de ces workshops sera présenté le 22 novembre à l'Institut des arts et métiers de Gafsa et le 25 novembre à la galerie Elbirou à Sousse. Ce même espace accueillera, par la suite, la conférence du critique d'art Jean-Christophe Arcos intitulée «Les statues meurent aussi, l'exposition comme mise en présence du fugace et du durable». Expositions franco-tunisiennes Le projet prévoit de nombreuses expositions au sein de différentes structures culturelles de Tunisie et de France. A la suite des résidences in situ, plusieurs expositions auront lieu dans différents lieux en Tunisie, entre Gafsa, Sousse, Sfax et Tunis et par la suite en France, entre Nantes et Saint-Nazaire pour se terminer à Paris. Chaque exposition est repensée en fonction des lieux et des étapes du projet. Ces restitutions seront l'occasion d'imaginer une construction-monstration collective. Ces différents temps seront conçus comme une recherche en laboratoire après une étude de terrain. Ils permettront d'ouvrir un espace de réflexion où se prolongera, notamment, la question du laboratoire en art.