Durant quatre jours, du 7 au 10 mars 2012, le colloque international pluridisciplinaire intitulé « L'illisible, Lieux et enjeux modernes et postmodernes » organisé sous l'égide de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines , a offert l'occasion à plusieurs universitaires et chercheurs en provenance de maints pays, de s'interroger sur la crise du sens. Le département de français, l'Equipe de Recherche en Poétique et en Sémiotique de l'Institut en question en collaboration avec l'Association tunisienne de Sociologie, l'Association pour la Culture et les Arts Méditerranéens ainsi que des laboratoires de Recherches tunisiens et français ont tous contribué à l'organisation de ce colloque. La journée inaugurale a été présidée, respectivement, par la professeur Hédia Abdelkéfi, responsable scientifique du colloque, le professeur Othman Ben Taleb, Taoufik Aloui, directeur de l'Institut Supérieur des Sciences Humaines et Abdelhafidh Gharbi, président de l'Université de Tunis El Manar. Les travaux scientifiques du colloque étaient répartis en 12 ateliers en fonction des thèmes soulevés par les intervenants pendant les séances des matinées et des après-midis. Celles de la première journée sont ordonnées comme suit : «Les eaux troubles de l'illisible- Sens impénétrable-Totalement opaque- Entre les lignes -Le jardin des langues ». La seconde : «Lire ? Mais tout le monde sait lire!-La peau des choses-La mémoire, l'Histoire, L'oubli- L'impossible dehors-Un soupçon d'indéchiffrable ». Le troisième jour a été axé sur « C'est l'illisible, mais qu'importe- L'essentiel est invisible- Les ombres dynamiques- Output/Input- La chose intérieure ». La quatrième journée de clôture a été consacrée à la conférence du professeur Gérard Figari et dont l'objectif est de préciser les techniques de l'écriture d'un travail de recherche qui devrait être imprégné de clarté et de lisibilité sur le plan conceptuel et méthodologique. Sans oublier la distribution des prix aux lauréats du concours des meilleurs posters et plumes. Et en marge du colloque, s'est tenue une exposition de peintures et de livres. Pourquoi un tel colloque sur les lieux et les enjeux de l'illisible en rapport avec la postmodernité ? Objet de controverse, l'illisible demeure un concept à appréhender sous de multiples angles de vues : historique, littéraire, socio-anthropologique, philosophique et linguistique. Le sondage de l'état de lieu de la dichotomie lisible /illisible ressort d'une volonté de scruter les modalités fonctionnelles de l'illisibilité, sa plasticité et aptitude à se transformer en plate-forme pour tout projet de création qu'il soit artistique ou autre. En cette ère de mondialisation qui a tendance à raccourcir les distances géographiques et par conséquent à homogénéiser les idées, le sens s'est vu épuisé jusqu'à son ultime terreau d'où l'émergence de «la crise de sens ». Approché différemment, sous les divers auspices des sciences humaines et sociales, le colloque s'est proposé de porter une réflexion pluridisciplinaire sur l'illisible inhérent à la postmodernité telle qu'elle est définie et théorisée par Charles Jenks, Gilles Lipovetsky, J.F Lyotard et bien d'autres écrivains. Il s'est assigné le rôle d'apporter un éclairage à ce qui est a priori considéré comme opaque et fuyant à toute détermination définitoire. L'intelligentsia et les académiciens ne sont pas encore unanimes sur une acception bien précise de la postmodernité. Chose qui pourrait poser les jalons d'une problématique liée explicitement à l'illisibilité comme source de convergence définitionnelle. D'ailleurs, c'est à partir de quoi, plusieurs intervenants se sont basés, quels que soient leurs champs d'investigation, pour approfondir leurs réflexions. Entre autres, cet intérêt pour l'illisible se justifie par l'attention méticuleuse focalisée, actuellement, sur la fragilité identitaire, la perte de repères axiologiques, la déterritorialisation et les crises économiques qui ne cessent toutes d'être alimentées par différentes veines idéologiques. Toutes ces questions aléatoires et polémiques ont suscité une analyse minutieuse de la part des chercheurs et des débats fructueux entre le large public présent, composé d'universitaires, chercheurs, artistes et étudiants. Les efforts fournis par le comité scientifique et organisateur ne pourraient qu'être vivement félicités car ils ont contribué à consolider l'interaction dans le domaine de la recherche scientifique entre tous les pays participants représentés via leurs intervenants.