La société tunisienne est encore sous le choc suite au suicide de la jeune S.H., adolescente âgée de 15 ans, apparemment «sans histoires», qui s'est pendue, il y a deux semaines, dans sa chambre. Comme beaucoup d'adolescents qui ont choisi de mettre fin à leurs jours, elle a décidé d'accomplir cet acte d'une violence extrême qui révèle un désarroi profond devenu insupportable. De la fugue au suicide, en passant par les comportements destructeurs, les jeux malsains et les formes de déviance extrême, ces conduites à haut risque révèlent la fuite en avant de centaines, voire de milliers d'adolescents à travers le monde pour lesquels cette attitude représente une échappatoire qui leur permet de s'affirmer, d'occulter l'angoisse quotidienne et profonde qui les tenaille et de fuir un milieu familial et une société jugés trop oppressants. C'est au cours de cette délicate et pénible transition de l'adolescence à la vie adulte que des adolescents vulnérables vont éprouver un mélange d'attirance et d'admiration pour des doctrines, des idéologies, des postulats, des modes de pensée qui leur permettent d'échapper à la normalité et d'adopter un comportement s'inscrivant dans la révolte en acte, le déni et le rejet total du moule et des normes sociales. S.H. s'est-elle livrée à un jeu malsain qui l'a conduite au suicide sous l'influence des principes d'une forme d'idéologie extrême, «le satanisme», dont elle aurait vraisemblablement adopté les modes de pensée et de conduite comme l'ont affirmé des élèves qui la côtoyaient quotidiennement ou était-elle sous le coup d'un profond désarroi psychologique dû à des conditions familiales difficiles qui l'ont poussée à se suicider? Personne ne pourra connaître les véritables raisons de ce geste funeste. Comme beaucoup de despérados, cette jeune fille à la fleur de l'âge a emporté avec elle son secret dans la tombe.