Clôture des rencontres professionnelles proposées durant trois jours par les Journées théâtrales de Carthage (JTC), par l'adoption de la Déclaration de Carthage pour la défense et la protection des artistes en situation de vulnérabilité. La rencontre a été rehaussée par la présence du ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zine El Abidine, qui a réaffirmé, à la clôture, l'appui du ministère à la «Déclaration de Carthage pour la protection des artistes en situation de vulnérabilité» et la volonté de la faire connaître à plus large échelle. La journée qui a démarré par la présentation de quelques expériences-clés qui ont permis aux hommes de théâtre arabes et africains de se produire sur les scènes belges, néerlandaises et même suédoises, s'est clôturée par l'adoption de la «Déclaration de Carthage pour la défense et la protection des artistes en situation de vulnérabilité». «Je vous appelle tous à faire circuler cette Déclaration que vous avez entre les mains, de la présenter auprès de vos amis artistes, dans les débats auxquels vous participez, partout où vous êtes invités, n'hésitez pas à parler de cette Déclaration afin que nous parvenions à mobiliser le maximum d'institutions et à impliquer nos pays dans ce projet qui tente de préserver la dignité de l'artiste», a déclaré Lassaâd Jamoussi, directeur des JTC, lors d'une première présentation qui a eu lieu dans la cour du palais El Halfaouine. Pour un lobbying national et international L'objectif de cette rencontre d'information et de mobilisation, a-t-il précisé, est de «faire adopter ce projet par l'Organisation de Nations unies en septembre 2018», a indiqué Lassaâd Jamoussi. Et d'ajouter : «Il est temps de faire un travail de lobbying national et international et de mobiliser la société civile dans les différents pays». Le directeur des JTC a fait savoir que vers la fin de février 2017, un important séminaire international aura lieu à Tunis et qui verra la présence de Karima Bennoune, rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels. «Le colloque sera une occasion pour discuter du contenu de la Déclaration et peut-être pour ajouter quelques articles afin de la soumettre au Haut commissariat des Nations unies des droits de l'homme et nous espérons que le projet sera adopté en 2018 et qu'il portera des couleurs onusiennes». La présentation de cette Déclaration avant-gardiste qui cherche à protéger l'artiste dans les zones de conflits, pendant les guerres et dans les situations fragiles et délicates s'est poursuivie dans la salle et c'est à l'avocate et dramaturge Meriam Bousselmi qui a contribué à la rédaction de ce projet (avec Lassaâd Jamoussi et l'universitaire Hamadi Redissi). «La Déclaration de Carthage est un acte de résistance face à ce qui se passe dans le monde arabe, pour assurer la protection des artistes dans les zones de conflits ou de tensions. C'est un acte de rejet de toutes les formes d'extrémisme et de barbarie, de toutes les tentatives de standardisation des goûts. Nous défendons jusqu'au dernier souffle la liberté de l'artiste là où il est, indépendamment de sa nationalité, de sa religion», a-t-elle déclaré, rappelant que les réunions qui ont eu lieu dans plusieurs pays du monde avec des artistes et des institutions pour qu'il y ait une mobilisation collective. L'avocate et artiste a fait également le constat qu'aujourd'hui les artistes sont de plus en plus exposés à des actes intolérables portant atteinte à leur intégrité physique et morale et que cette Déclaration est une urgence pour venir à l'aide des artistes en situation périlleuse, d'insécurité, à des artistes qu'on cherche à tout prix à les priver de leur liberté. Assumons nos responsabilités Tenant à être présent dans les différents actes de ces rencontres professionnelles, le ministre des Affaires culturelles n'a pas manqué la clôture, choisissant d'apporter son soutien à l'équipe de présentation et de défense de cette Déclaration avant-gardiste. Saluant les efforts déployés par Lassaâd Jamoussi, directeur de cette édition, saluant la bonne volonté et l'enthousiasme de ceux qui sont derrière cette Déclaration historique, le ministre s'est interrogé sur la notion de vulnérabilité, soulignant qu'il est temps pour que les gouvernements et ministères de la culture s'engagent réellement en faveur de l'artiste. «J'avoue que nous sommes en quelque sorte responsables de cette situation de vulnérabilité. Il faut que les institutions assument leurs responsabilités et cherchent de réels remèdes aux maux de nos artistes. Il faut penser à un arsenal juridique solide pour pouvoir défendre l'artiste et garantir ses droits en tant que citoyen et créateur, il faut également trouver des solutions qui durent et non plus temporaires. Je pense en ce qui me concerne qu'il n'est pas question aujourd'hui de fonctionner comme il y a dix ans ou vingt-ans. Tout a changé et il faut être à l'écoute du citoyen-artiste. On a essayé déjà ces mécanismes archaïques et ça n'a pas marché. Alors, il faut penser à d'autres politiques plus réalistes qui préservent la dignité de l'artiste et qui contribuent à l'évolution de la pratique artistique libre», a déclaré le ministre des Affaires culturelles, affirmant l'engagement de la Tunisie et son adoption de cette déclaration. Il est à noter que l'artiste camerounais, David Noundji, a présenté à l'occasion un extrait de son spectacle «Il était 14 fois». Puisant dans les proverbes africains et dans la mémoire populaire, l'artiste a su dessiner sur les visages de l'assistance de beaux sourires. Des éclats de rires et la reprise en chœur de morceaux d'une chanson improvisée ont empli le lieu de bonheur partagé.