Les avocats ont mis hier leurs menaces à exécution, des dizaines parmi eux se sont donné rendez-vous devant le Parlement, là où les députés examinent depuis quelques jours la loi de finances 2017 Cette fois, ils n'ont pas seulement donné de la voix, ils ne se sont pas contentés de la rhétorique ou du sens de la formule pour faire parvenir leurs revendications. Cette fois, le mouvement était beaucoup plus radical, voire violent, à l'image de cet avocat, immortalisé par notre photographe Abdelfattah Belaïd, qui n'a pas hésité à escalader la porte métallique d'une des plus importantes institutions du pays qu'est l'Assemblée des représentants du peuple. Leurs revendications ne sont toutefois pas nouvelles. Ils demandent que les députés n'adoptent pas une taxation de leurs activités prévues par la loi de finances 2017. « Nous demandons à ce que nous soyons traités comme l'ensemble des autres fonctions libérales », martèle le bâtonnier Ameur Mehrzi. Ce qui est nouveau en revanche, et complètement éloigné des revendications corporatistes, c'est qu'ils demandent la chute du gouvernement. « Chahed travaille pour les intérêts étrangers et, principalement, du Fonds monétaire international », affirme l'un des manifestants. Dans un communiqué distribué aux journalistes, l'Ordre des avocats appelle au limogeage de la ministre des Finances Lamia Zribi qui, selon eux, « a échoué dans le traitement du dossier ». « Ni le timbre fiscal, ni le système d'identifiant fiscal ne sont applicables pour les autres fonctions libérales », s'offusque Ameur Mehrzi. En forçant d'abord un premier barrage puis en tentant d'ouvrir par la force la grande porte métallique, les avocats ont, semble-t-il, réussi leur tour de force, contraignant le président de l'Assemblée à les recevoir en catastrophe, l'obligeant à négocier et finalement à décider de «former une commission mixte réunissant le président de la commission des finances Mongi Rahoui, le vice-président de l'Assemblée Abdelfattah Mourou et les présidents de groupes, pour trouver une solution aux articles controversés concernant les avocats ». Ladite commission qui, bien évidemment, n'existe nulle part dans le règlement intérieur proposera ses solutions à la ministre des Finances. Rappelons que la loi de finances ne concerne pas uniquement les avocats, et cet épisode pourrait très bien donner des idées aux autres corps de métiers, à l'instar des pharmaciens.