À l'appel de l'Organisation tunisienne des jeunes médecins, une marche nationale a été organisée ce vendredi, partant de la Faculté de médecine de Tunis pour se diriger vers le siège du ministère de la Santé. Cette action s'inscrit dans le cadre d'un mouvement de grève nationale observé dans tous les services hospitaliers universitaires et facultés de médecine, à l'exception des services d'urgence et des gardes de permanence. Ce mouvement de protestation fait suite à l'échec des négociations avec le ministère de la Santé, resté sourd, selon les organisateurs, aux revendications pressantes des jeunes médecins. Salma Dhakhar, membre de l'organisation, a déclaré que près de mille jeunes médecins, venus des quatre facultés de médecine du pays et de plusieurs régions, ont convergé vers la capitale pour faire entendre leur voix. Au cœur de leurs revendications figure notamment la revalorisation de l'indemnité des gardes, actuellement plafonnée à 3 dinars de l'heure, un montant qualifié de « symbolique et indécent », d'autant plus qu'il n'est même pas versé dans deux tiers des hôpitaux publics. Les protestataires exigent également l'instauration de critères transparents et équitables pour l'évaluation des stages médicaux, afin d'en finir avec les décisions arbitraires souvent laissées à la discrétion des chefs de service. Autre point d'alerte : les droits des femmes médecins en formation. L'organisation réclame le respect du droit au congé maternité, sans que cela ne pénalise l'évaluation ou la validation des stages, insistant sur le caractère fondamental de ce droit. Une colère qui couve depuis longtemps Les jeunes médecins dénoncent également les conditions de l'année de service civil, pointant une rémunération jugée indigne, parfois inférieure à 750 dinars par mois, pour un travail exigeant, souvent réalisé dans des zones sous-équipées. « Nous ne quittons pas le pays par choix, mais par nécessité. Les jeunes médecins fuient une réalité de plus en plus invivable », a déclaré Salma Dhakhar. Le vice-président de l'organisation, Bahaeddine Larbi, a annoncé la tenue d'une assemblée générale à la faculté de médecine de Tunis, à l'issue de la marche, pour décider des prochaines actions de mobilisation, laissant entendre que d'autres formes de protestation plus radicales pourraient suivre. Plusieurs organisations de la société civile ont exprimé, dans un communiqué conjoint, leur soutien total et inconditionnel à la cause des jeunes médecins, qualifiant leur mouvement de « légitime et vital pour la survie de la santé publique en Tunisie ». Elles ont dénoncé les politiques d'austérité et de gestion de crise à court terme, qu'elles considèrent comme responsables de l'effondrement progressif du système de santé public et de l'exode croissant du personnel médical qualifié.