Par Jawhar CHATTY «Il faut un minimum de confort pour pratiquer la vertu». Cette fois, le message semble être reçu cinq sur cinq. Le président, Béji Caïd Essebsi, l'avait pourtant émis au moins à deux reprises : en 2011, au sommet de Deauville et à l'occasion de la tenue à Tunis en mars dernier du forum TunisieUSA «Investment & entrepreneurship». En vain ou presque ! En citant de nouveau Saint Thomas d'Aquin hier à l'ouverture de la Conférence internationale sur l'investissement, le président de la République avait sans doute une idée précise de l'ampleur de la mobilisation cette fois-ci de la communauté internationale pour la Tunisie. Notre pays a, en effet, réussi hier à engranger plus de 19 milliards d'euros entre dons et crédits. Le monde libre a répondu présent, nous faisant du coup oublier les promesses non tenues de Deauville. L'Union européenne a, par le biais de la BEI, décidé d'octroyer à la Tunisie un crédit de 2,5 milliards d'euros sur une durée s'étalant jusqu'à 2020, la France a, à travers l'Agence française de développement, consenti un crédit de 250 millions d'euros. Le Qatar aussi. Massivement avec l'octroi d'une aide à la Tunisie de 1,25 milliard de dollars. L'Arabie Saoudite, le Koweït et une large panoplie de fonds arabes d'investissement n'ont guère été en reste de cet élan en faveur de la Tunisie et des 142 projets d'investissement, publics et privés, qu'elle met sur la table et dont le montant est de 30 milliards d'euros. Un montant qui pourrait aujourd'hui être atteint, voire dépassé, eu égard au nouveau et réel engouement des investisseurs étrangers pour le site tunisien. La loi sur le partenariat public-privé, le nouveau code de l'investissement, la loi sur la concurrence et les marchés publics y sont, certes, pour quelque chose dans ce mouvement. Mais dans cette dynamique et cet élan, l'espoir et la soif d'un grand renouveau manifesté par l'ensemble des Tunisiens auront été décisifs. Il faudrait sans doute remonter aux premiers jours de la révolution pour trouver chez eux le même degré d'enthousiasme, d'espoir et de confi ance en l'avenir qu'ils avaient nourri à la veille de la Conférence internationale sur l'investissement. Notre destin est entre nos mains. Il revient à nous seuls de transformer le ballon en essai, de saisir et de faire fructifi er à bon escient l'élan de soutien international. Un large mouvement de réformes est engagé, avec en tête la réforme de l'éducation et celle attendue de la fi scalité. Concourant toutes deux à plus d'inclusion et d'équité sociale et surtout à la réalisation d'une croissance à fort contenu en savoir. Mais réformer ne suffi t pas, il faudrait aussi que la culture du travail soit portée à incandescence tel un fi l lumineux. Travailler, «il n'est de cils pour pleurer et d'ongles pour te lacérer que les tiens», dit-on à raison. Depuis hier, une nouvelle dynamique est engagée, de nouveaux horizons se dégagent, la relance est en marche. Il nous appartient et nous revient à tous de savoir soutenir ce mouvement. C'est seulement alors que l'on pourra véritablement soutenir que «Tunisia is back»