La pression contre le gouvernement ne faiblit pas à quelques jours seulement du délai constitutionnel du 10 décembre (date limite à laquelle la loi de finances doit impérativement être votée). La menace d'une grève générale le 8 décembre pend encore au-dessus de la tête de Youssef Chahed et de son équipe, tandis que les avocats musclent leurs mouvements de protestation contre l'article 31 de la loi de finances 2017. Hier, ils étaient des centaines à participer à la marche nationale organisée à l'appel de l'Ordre national des avocats de Tunisie (3.000 participants, selon les organisateurs). Pendant ce temps, la réunion tenue au ministère de la Justice entre des membres du gouvernement et des représentants de la profession n'aura finalement abouti à aucune décision concrète. En tout cas, les avocats s'agrippent à toutes instances qui pourraient les représenter. C'est dans ce sens que la commission nationale de l'Union internationale des avocats (UIA) a publié hier un communiqué dans lequel elle appelle à « considérer l'avocatie comme un métier libre » et d'éviter de « faire voter des textes qui pourraient être considérés comme une punition collective ». S'ils disent qu'en coulisse les responsables politiques les rassurent, les avocats ne semblent pas assurés de gagner le bras de fer avec le gouvernement, surtout que leurs revendications ne trouvent pas de sympathisants auprès de l'opinion publique. « Personne ne pourra nous vaincre ! », déclare pourtant le bâtonnier Ameur Mehrzi lors de la grande marche des avocats sur l'avenue Bab Bnet. Il a également appelé à ne pas diaboliser la profession en traitant les avocats de voleurs. Avalanche d'insultes Pour l'instant, il ne semble pas y avoir d'issue, et aucune proposition concrète n'a réussi à fédérer. C'est le cas de la proposition du Courant démocratique d'imposer des titres de représentation numérotés et édités par l'Imprimerie officielle de la République tunisienne, pour permettre aux services fiscaux de suivre le nombre des affaires traitées par chaque avocat. Ni le gouvernement, ni les avocats n'ont montré d'enthousiasme pour cette initiative qui aura peu de chance d'être retenue. Preuve que les avocats sont sur les nerfs, la conférence de presse prévue en marge de la manifestation a viré au meeting politique. Une situation refusée par les journalistes, ce qui leur a valu une avalanche d'insultes de la part de certains avocats. D'après Amira Mohamed, correspondante de radio Mosaïque FM, Me Ameur Mehrzi a même accusé « une partie des médias » d'être « sous l'emprise du gouvernement ». Les journalistes ont alors décidé de boycotter la conférence de presse sous les sifflets et les remarques désobligeantes de certains avocats présents dans la salle.