«Sport business, réseau et passion!» Que seraient les sportifs de haut niveau sans conseil juridique ? Que deviendraient les footballeurs sans Pygmalion, chaperon ou mentor qui puisse leur proposer un plan de carrière qui cadre avec leurs ambitions et leurs qualités ? Ce qui nous ramène tout droit à la fonction d'agent de joueur, ce métier exigeant mais ô combien important. Tellement déterminant que les clubs sportifs ne discutent plus directement avec les compétiteurs mais leurs représentants légaux (à l'exception de ceux qui prennent un malin plaisir à contourner cet usage pour des raisons purement mercantiles et souvent inappropriées). Pour nous en dire plus à propos de ce maillon important de la chaîne sportive, nous avons pris attache avec Abdelbasset Chebbi, agent Fifa: «Que l'on mette les choses au clair tout d'abord. L'agent n'est pas un "intrus" qui gravite autour des joueurs! C'est une personne physique dont l'activité consiste à mettre en rapport, contre rémunération, un joueur et un club en vue de la conclusion ou de la reconduction d'un contrat de travail; ou pour conclure un avenant de transfert. Bien entendu, outre l'agrément de la Fifa via une batterie d'examens et un niveau d'enseignement exigé la plupart du temps, il doit avoir certaines compétences : avoir un excellent sens du contact, être un bon négociateur, connaître le milieu du football (disposer d'un important réseau), ainsi que maîtriser le droit du travail et les lois et règlements nationaux et internationaux du football. L'activité repose sur l'aptitude à conseiller et gérer la carrière sportive d'un joueur et à négocier les contrats. Pour réussir dans le milieu, et outre son carnet d'adresses, son vécu et sa notoriété dans le football (ancien joueur, etc.), la formation est importante pour exercer cette profession. En Europe, il existe même des formations privées assurées par des avocats pour préparer au passage de l'examen obligatoire pour devenir agent Fifa. Cette fonction indissociable du sport d'élite demande bien des dispositions. Les modalités d'obtention dépassent le champ sportif. Exemple, il faut avoir un casier judiciaire vierge pour exercer et se voir accorder à terme une rémunération sous forme de commissions de 5 à 10% selon la transaction». «Le métier souffre d'un déficit d'image» «Le "sport business", comme on le surnomme désormais en raison des sommes d'argent colossales qu'il brasse, doit être dirigé par des spécialistes en management du sport. Certes, sans doute, pour nous autres intermédiaires, le "réseau" et la passion jouent autant pour l'insertion que le diplôme, mais les compétences variées des diplômés en finances, droit, management et communication constituent de bons "passe-partout" pour les structures sportives. Vous savez, dans le football en particulier, notre fonction fait toujours débat. Je vous livre ma vision du sport-roi. Pour moi, travailler dans le foot, c'est une passion plus qu'une opportunité. Assez tôt, j'ai eu l'opportunité de côtoyer beaucoup de personnes influentes dans le milieu. Ce n'est pas donné à tout le monde et j'en remercie encore toutes les personnes qui m'ont conseillé dans le bon sens, me donnant ainsi l'envie de choisir cette voie professionnelle. Cependant, pour revenir au cadre juridique, il faut toujours passer une licence auprès de la Fédération pour avoir le droit d'exercer. Car il est vrai que pas mal de pseudos "conseillers sportifs" se rendent en réalité coupables du délit d'exercice illégal de la profession d'agent de joueur, qui est, je le rappelle un délit pénal. Au final, notre job consiste à assister les joueurs dans la gestion de leur (courte) carrière. Cela englobe plusieurs domaines, négociation de contrats, transferts, conseils juridiques, communication, gestion de patrimoine, etc. De l'intérieur, mon métier, c'est beaucoup de déplacements, beaucoup de temps passé au téléphone aussi ! En clair, tu n'es presque jamais chez toi et pendant le mercato, je ne t'en parle même pas, tu n'as plus de vie tout simplement ! L'envers du décor est que le métier souffre d'un gros déficit d'image et souvent à juste titre. C'est dommage car il existe une poignée de bons agents qui travaillent correctement, en toute transparence. Pour communiquer sans tracas avec les clubs, il faut, bien entendu, être au moins bilingue, ça aide dans les négociations ! Aussi, le concours de vous autres journalistes est important pour ne pas dire déterminant. Il faut comprendre que la médiatisation est très utile dans ce métier. Elle peut l'être, dans le sens où les personnes que tu rencontres après un échange connaissent désormais tes positions ou ta personnalité. Cela ouvre des portes. En clair, le vrai point positif c'est qu'en fréquentant beaucoup de journalistes sportifs, on a des infos avant tout le monde. Ce métier est exigeant. Il y a des jours où je fais du travail administratif pour le compte de mes joueurs. Il y a des moments où je suis en déplacement. Je regarde également un maximum de matchs. C'est l'avantage de ce métier, la journée type n'existe pas, et quand bien même, on tente de s'organiser. Il y a souvent des "urgences" à gérer qui bouleversent ton agenda! Le job ne se résume pas seulement au transfert. Hors mercato, on suit nos joueurs, on va voir leurs matchs, on recherche des partenariats, on doit gérer leur communication, on négocie des prolongations de contrat... Il y a beaucoup de choses que l'agent fait que le public ne perçoit pas forcément. On anticipe aussi les mouvements qui se concrétiseront au mercato, mais ce n'est pas la plus grosse partie du travail. Enfin, pour conclure, volet relation agent-club, si beaucoup d'intermédiaires sont d'anciens sportifs, les autres ont un parcours varié. Les formations qui marient la communication et le commerce semblent les plus appropriées. Dans le cas des agents qui exercent sous la férule de fédérations, ils doivent remplir certains critères qui vont des témoignages de bonne moralité à la compétence reconnue!».