Contrairement aux auteurs du crime abject, la Tunisie traquera sans relâche, dans le respect des lois internationales, les commanditaires du meurtre de Mohamed Zouaoui. Un engagement pris dans ces dernières 48 heures par le chef du gouvernement, le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, et le ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui. «La Tunisie usera de tous les moyens à sa disposition pour tirer cette affaire au clair et poursuivre les auteurs du crime, a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur lors d'une conférence de presse. Nous allons médiatiser cette affaire auprès de l'opinion publique internationale et il se pourrait que nous allions vers l'internationalisation de cette affaire». Moav Vardi, le supposé journaliste sioniste, est lui-même une affaire dans l'affaire. Samedi 17 décembre à 11h40, heure tunisienne, il débarque en Tunisie en provenance de Rome avec un passeport allemand, et déclare être écrivain. Il part directement à Sfax et entame son reportage devant le domicile du défunt. Lorsqu'il interroge le voisinage, il leur parle en anglais en leur expliquant être tantôt journaliste de la BBC, tantôt reporter de la ZDF. «Cet individu n'est pas accrédité par la Tunisie et ne dispose d'aucune autorisation et n'a même pas formulé une demande pour avoir une autorisation de filmer», souligne le ministre. Après avoir tourné son reportage à Sfax, il rentre tout de suite à Tunis et arrive à 20h00 à un hôtel de la place. Très tôt le matin, il quitte l'hôtel, mais avant de partir pour l'aéroport, il s'autorise un «stand-up» à quelques mètres seulement du ministère de l'Intérieur, il est 7 heures du matin. Contrairement à ce qui avait circulé sur la Toile, l'intervention de Moav Vardi n'a pas été réalisée en direct. «Ce qui s'est passé est inacceptable, nous avons ouvert une enquête à ce sujet, il se peut qu'il y ait eu des manquements», admet Hédi Majdoub, tout en restant prudent. Six personnes ont été arrêtées jusqu'à présent dans le cadre de l'enquête sur le journaliste sioniste. Parmi elles, un lycéen de 19 ans contacté par Moav Vardi sur les réseaux sociaux. Il l'aurait convaincu, en échange d'argent, de l'aider à réaliser un reportage à Sfax. Comme pour toutes les «victimes-complices» de l'affaire, le jeune homme a cru travailler pour un journaliste anglais. Même si le ministère de l'Intérieur ne semble pas avoir de certitudes quant à sa véritable identité. Majdoub explique que certaines rumeurs font état de son implication dans divers conflits armés et situations de troubles à l'instar de la guerre de Crimée ou le soulèvement égyptien. En octobre 2016, les Iraniens l'accusent d'être un espion lorsqu'il se rend au Kurdistan irakien pour suivre les troupes kurdes. Lundi, l'ambassadeur d'Allemagne à Tunis, Andreas Rienicke, a été convoqué au siège du ministère des Affaires étrangères pour donner des précisions sur l'entrée en Tunisie d'un journaliste de la chaîne 10 de la télévision israélienne avec un passeport allemand.