Depuis qu'il a commencé sa carrière musicale dans les années 90, Ahmed Mejri essaie de se positionner sur la scène culturelle et d'adopter un style personnel sans toujours parvenir avec succès. Après s'être éclipsé, le voici de retour avec un nouveau spectacle intitulé «Je suis libre», dont l'avant-première a été présentée jeudi au Mondial. Après une demi-heure de retard — le spectacle devait démarrer à 19h00 — le chanteur, qui revendique son appartenance à la communauté noire de Tunisie et à l'Afrique subsaharienne, est monté sur scène pour interpréter un répertoire caractérisé par une musique afro-tunisienne. Un concept sur lequel il a travaillé depuis quelques années et dont il offre au cours de ce concert une large panoplie de chansons. Pour mieux illustrer son identité africaine, deux portraits géants, une femme et un homme noirs décorent de part et d'autre la scène. Par ailleurs, une vidéo montrant des scènes de vie en Afrique sub-saharienne défile tout au long du spectacle étayé également par des chorégraphies de danse contemporaine et des acrobaties de cirque. Accompagné d'une chorale d'enfants, Ahmed Mejri a démarré avec une chanson en arabe «Je suis libre, tu es libre» qui a donné le ton de la suite du concert. «Le projet a obtenu une subvention du ministère de la Culture», a indiqué le chanteur, avant de poursuivre avec d'autres refrains dont il a assuré lui-même les compositions. Voulant se différencier d'autres artistes tunisiens, il a eu l'idée de chanter en français, sans doute une manière d'approcher un public plus large. «Casser les barrières», «La maladie du pouvoir», «appel d'amour, cri du cœur», «Mandela», etc., sont des chansons dont les textes sont écrits en français et la base de leur composition est le reggae. Ahmed Mejri a fait intervenir des amis chanteurs et musiciens, à l'instar de Chokri Omar Hanachi qui a interprété avec lui une chanson en arabe «Tout me plaît en toi» et dans un autre moment, Sofiane Safta qui a participé en jouant un morceau avec sa guitare électrique. Moez Troudi l'a également accompagné dans quelques-unes de ses chansons. Les clous du concert, qui sont par ailleurs ses succès confirmés : «Daghbaji» remixée et «Fil berrima» de Cheikh Al Ifrit revue et remixée par Ahmed Mejri lui-même. Le spectacle n'a pas attiré un grand public. La salle était à moitié pleine. Il est dommage qu'une partie de l'orchestre n'ait pas été bien exploitée, notamment le violon et les instruments à vent, dont la clarinette. Basées essentiellement sur les rythmes soutenus, ce sont donc les percussions qui ont joué un rôle important. La performance d'Ahmed Mejri, qui a trop la bougeotte, n'était pas au top, surtout lorsqu'il chante en français, sans doute avait-il le trac ? Pour ce qui est des chorégraphies, elles n'ont aucun lien avec le spectacle malgré les efforts des danseurs. Un spectacle qui mérite d'être revu et recadré.