L'hebdomadaire français Le Point traverse une crise institutionnelle majeure depuis l'annonce, en avril dernier, d'un plan de suppression de 52 postes, principalement au sein de sa rédaction, remplacés en partie par des outils d'intelligence artificielle. Selon un rapport détaillé du journal Libération, les coupes concernent notamment l'intégralité de l'équipe de relecture et correction, soit 18 postes. La direction justifie cette restructuration par une volonté d'intégrer l'IA pour automatiser certaines tâches éditoriales, remplaçant ainsi des rôles traditionnels comme ceux des correcteurs et des rédacteurs. Les employés, en particulier les relecteurs, expriment des doutes quant à la capacité de l'IA à reproduire leur travail minutieux. Ils soulignent que leur expertise va bien au-delà de la simple correction grammaticale ou orthographique : elle inclut la vérification des faits, l'amélioration stylistique, l'adéquation des contenus avec la ligne éditoriale, ainsi qu'un contrôle rigoureux de la qualité. Le directeur de Le Point, Etienne Gernelle, défend ces changements en estimant que le modèle de relecture indépendante est désormais obsolète. Il propose une transition vers le système « rédacteur-relireur », courant dans la presse française, soutenu par un double système de vérification. La première étape repose sur des outils numériques et l'IA, tout en maintenant une supervision humaine. La seconde consiste en la création de trois postes de « rédacteurs superviseurs » chargés d'encadrer l'utilisation de l'IA et de garantir le respect des standards éditoriaux. Cette restructuration s'inscrit dans un contexte difficile pour le magazine, dont les ventes ont chuté de 25 % en dix ans, passant de 384 000 exemplaires en 2014 à 286 000 en 2024. Le nombre d'abonnés a quant à lui été divisé par deux, avec seulement 135 000 abonnés aujourd'hui. Cette situation reflète les défis plus larges auxquels fait face la presse écrite à l'ère du numérique.