En toute franchise le Président Saïed s'est exprimé lors de la réunion du Conseil des ministres jeudi. Son dernier discours n'est pas une simple déclaration présidentielle, mais une radiographie de l'état du pays et de ses fossoyeurs. Le spectateur impartial notera la vigueur d'un chef d'Etat qui ne se contente plus d'éteindre les incendies, mais qui désigne enfin les pyromanes tapis dans l'ombre et soudainement projetés en pleine lumière. Car il y a dans la rhétorique de Saïed une constante implacable : le refus des faux-semblants. Ce n'est plus le temps des palabres feutrées ni des diagnostics édulcorés. Le Président martèle que la Tunisie est visée dans son existence même, que les crises ne tombent pas du ciel comme la pluie, mais qu'elles sont fabriquées, téléguidées, orchestrées avec la froideur cynique de l'ingénierie du chaos. Face à ce constat, Saïed oppose une ligne claire : l'Etat fort, indivisible, adossé à une souveraineté populaire qui n'est ni négociable ni soluble dans les concessions. L'idée est simple mais révolutionnaire dans son application : le pouvoir appartient au peuple, non aux marchands de coulisses. Ceux qui misent sur la lassitude citoyenne se heurtent, désormais, à un Président qui retourne l'argument et rappelle que le peuple, loin d'être endormi, a décodé les manœuvres et reconnu les marionnettistes. Perspicace, Saïed démasque ce qu'il appelle le «système sauvé du 14 janvier» : une oligarchie sans idéologie, soudée par la seule glu des privilèges et de l'argent. Ces «gestionnaires du désordre» qui, hier encore, prétendaient incarner la transition, sont aujourd'hui pointés du doigt comme les architectes des coupures d'eau, des délestages électriques, des coups fourrés et autres. Mais la nouveauté réside ailleurs : dans le passage de la réaction à l'action. Saïed annonce qu'il n'est plus question de gouverner par réflexe, mais par anticipation. C'est une rupture méthodologique : au bricolage permanent succéderait une vision. Au fatalisme, une volonté. Au chaos importé, une souveraineté assumée. Le Président use d'un lexique presque chirurgical, pour rappeler que la justice n'est pas vengeance, mais application universelle de la loi. Et quiconque espérait transformer le Palais de Carthage en théâtre d'ombres chinoises comprend désormais que le rideau est tombé : la scène est nue, les acteurs démasqués, et la Tunisie est résolue à avancer. Dans un monde où tout vacille, le Chef de l'Etat choisit la verticalité : pas de compromission, pas de tutelle étrangère, pas de demi-mesure. Sa vision, tranchée comme un scalpel, résonne comme une mise au point : la Tunisie n'est pas à vendre, ni en solde, ni en location.