En dépit des insuffisances et des relâchements accumulés au fil des années, il y a, et il y aura certainement encore, chez l'équipe de Tunisie une logique de fonctionnement qui devrait correspondre aux exigences du terrain. L'histoire ne dit pas encore si les objectifs de la sélection pour la CAN 2017 au Gabon sont susceptibles d'être atteints, mais il nous semble que toute ambition relative au rendement et au résultat devrait forcément découler d'une certaine cohérence. Ce qui doit s'imposer par conséquent, c'est un jeu, un comportement et un mode d'emploi dirigés vers l'action, l'efficacité et la performance. Il y a aujourd'hui un impératif qui pointe à l'horizon de l'équipe de Tunisie. Il concerne notamment l'aptitude à s'imposer au-delà du contexte, des adversaires et des contraintes qui ne cessent de conditionner l'équipe, à l'instar notamment de l'absence de compétitivité et de temps de jeu chez la plupart des joueurs expatriés. Il s'agit là d'un mode d'emploi cher à Kasperczak, un sélectionneur qui n'a jamais caché ses préférences pour les joueurs évoluant à l'étranger. Or, cette fois, les arguments qu'il serait tenté de présenter n'ont point de justification. On ne peut pas compter sur des joueurs qui font banquette ou qui sont relégués au second plan dans leurs équipes. On ne saurait ainsi entreprendre l'opération de reconquête de l'Afrique tant que les plaies du passé sont encore ouvertes. Sous la direction de Kasperczak, ou quelqu'un d'autre, l'équipe de Tunisie avait essayé ces dernières années tous, ou presque, les profils de sélectionneurs et de joueurs. L'histoire nous a rarement offert de bien édifiants exemples d'hommes engagés au profit de stratégies et d'approches offensives et de jeu d'attaque valorisé. Les possibilités et les limites ont été la plupart du temps liées à celui qui en assume la responsabilité technique. Et comme toujours, elles ne tiennent pas souvent de l'idée que l'on se fait des dispositions à la fois individuelles et collectives de l'équipe. Au-delà des constats et des jugements sur le travail et les convictions de l'actuel sélectionneur, nous pensons qu'il devrait forcément y avoir une véritable recomposition des priorités, de la définition des rôles et des considérations tactiques. En somme, tout ce qui est de nature à permettre à la sélection de s'attacher davantage au terrain. D'une façon générale, l'équipe de Tunisie tarde visiblement à rentrer dans la cour des grands. Le rendement de ses joueurs n'a pas atteint jusqu'ici la régularité et l'excellence escomptées. Celles qui devraient justement permettre à la sélection d'accéder à un palier supérieur. Les joueurs cadres ont un rôle très important à assurer dans le contexte de la CAN. Ils devraient être là pour montrer la voie, mais aussi pour trancher au bon moment et au bon endroit. Pour certains autres, on leur reconnaît le talent, mais on attend encore la confirmation. D'ailleurs, s'ils n'avancent pas, ils risquent de reculer. Il s'agit au fait d'une perpétuelle remise en question. Une conscience au quotidien. Le seul moment où un joueur n'a plus rien à prouver c'est quand il arrête. Une obligation de jeu Forcément, il y a encore des choses à améliorer avant le coup d'envoi de la CAN. Mais aussi des leçons à retenir, notamment par rapport à tout ce qui a été gâché dans le passé. Par rapport également à tout ce qui aurait dû être accompli ces derniers temps. Mais en dépit des insuffisances et des relâchements accumulés au fil des années, il y a, et il y aura certainement encore, chez l'équipe de Tunisie une logique de fonctionnement qui devrait correspondre aux exigences du terrain. Quelques nouvelles perspectives commencent à se dessiner, notamment au vue des dernières prestations et qui laissent croire que certains joueurs sont bel et bien en mesure de se démarquer des défaillances et des dérives du passé. Des irrégularités aussi dans la manière avec laquelle ils se comportaient sur le terrain et géraient les matches. La rencontre ce soir, 19h00, à Gerone, près de Barcelone, face à la sélection de Catalogne devrait servir de repère pour le sélectionneur. Non seulement pour le choix des joueurs, mais aussi des options et des considérations tactiques à adopter. Contrairement à la tendance qui court dans le milieu, l'obligation de résultat impose aussi dans une épreuve comme la CAN une obligation de jeu offensif. On sait que ce n'est pas encore la qualité imposante de la sélection. Mais toujours est-il qu'elle ne peut pas se mettre en valeur si elle continue, sous l'influence de son entraîneur, à ignorer tout ce qui assure la raison d'être des joueurs sur le terrain. D'une épreuve à l'autre, les joueurs pourraient être amenés justement à exprimer ou à penser à des choses qu'ils n'osaient pas auparavant. Ce qui semble quelque part rassurant, c'est qu'une échéance comme la CAN peut devenir l'un des plus importants leviers de l'équipe. Les principes de base impriment forcément une personnalité, un style, un mode de comportement. Mais l'impératif de disputer une épreuve pareille entraîne nécessairement des obligations dans le jeu et dans le rendement. La priorité devrait ainsi être donnée à l'action, à l'intensité, à l'efficacité. Chaque but, chaque point gagné vaudra par conséquent son pesant d'or. Mais chaque point perdu risque aussi de coûter cher à l'équipe et compromettre ses chances. L'image des grands joueurs africains, ceux qui ont appris à défier le temps et la logique, a souvent largement dépendu d'une épreuve comme la CAN. Un rassemblement, un rendez-vous qui apportent que l'enjeu n'est jamais l'ennemi du jeu et du spectacle. Lorsque la démonstration est poussée jusqu'à la perfection, l'on réalise en effet que la Coupe d'Afrique des nations ne peut être que le regroupement des joueurs les plus infatigables et les plus invulnérables, les plus solides et les plus puissants. Avec, de surcroît, une expression à base de talents individuels additionnés. La CAN, comme on a appris à la vivre, est une épreuve d'exception. Inaccessible aux joueurs ordinaires. Ce n'est certainement pas un autre football, mais c'est un autre monde.