La sélection a rarement cherché à déployer un jeu attractif et moderniste. Les sélectionneurs qui se sont succédé, y compris Kasperczak, ont souvent négligé la vraie respiration du football, que ce soit sur le plan tactique, sur le plan individuel ou sur le plan mental. On ne sait pas toujours ce qu'il convient d'imaginer pour une sélection et pour des responsables qui ont longtemps fait un mauvais usage des valeurs sportives. On ne sait pas aussi si les joueurs retenus dans la liste de Kasperczak sont vraiment capables de répondre aux aspirations en prévision de la double confrontation face au Togo vendredi et mardi prochains, dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2017. Si leurs dispositions correspondent réellement aux facteurs du jeu dont a vraiment besoin l'équipe: maîtrise collective, solidité défensive, cohérence, efficacité dans les surfaces, engagement physique et mental. Mais que l'on soit d'accord ou non sur le choix de tel ou tel joueur, sur la non-convocation de certains autres, à l'instar notamment de Lahmar et Mhirsi, nous osons espérer, encore une fois, que ce qui devrait compter plus que toute autre chose, c'est incontestablement un jeu à grosse dominante technique au sein. Kasperczak ne peut pas, ne doit pas ignorer les leçons à retenir, non seulement de son passage en sélection, mais aussi des sélectionneurs qui l'ont, soit précédé, ou pris le témoin depuis 1998. Il n'est pas censé non plus méconnaître les exigences de la nouvelle étape, ainsi que le profil des joueurs dont a vraiment besoin une équipe qui se lance d'ores et déjà dans un nouveau défi et qui devrait face à de nouvelles épreuves. On ne cessera pas de le répéter, tant que cela n'a pas eu de suite : il y a un vrai sujet de réflexion sur la vocation et la culture de jeu de la sélection tunisienne. Ici et là, on aurait besoin de comprendre que la prestation et le rendement sur le terrain ne sont que la conséquence de toute une série d'attitude et d'adoption de valeurs techniques. Comment gérer un match? Comment gagner et s'imposer? Comment résister? Comment attaquer? Comment plier sans rompre. Il est temps d'évacuer les problèmes de fond et de forme qui ont marqué le parcours de la sélection pendant de longues années. Au fil du temps, nous découvrons que l'étiquette ne correspond pas à la qualité réelle du produit. Une place et une carrière en équipe nationale, celles qui correspondent au footballeur d'élite, se gèrent par l'aptitude indiscutable à être un joueur de haut niveau tout-terrain. Jusque-là, l'équipe a rarement cherché à déployer un jeu attractif et moderniste. Les sélectionneurs qui se sont succédé, y compris Kasperczak, ont souvent négligé la vraie respiration du football, que ce soit sur le plan tactique, sur le plan individuel ou sur le plan mental. Le mal est profond et il touche aux racines d'une équipe qui n'affiche pas réellement ses ambitions. Qui n'a pas démontré jusque-là un véritable projet de jeu. Défendre ne suffit pas à faire une grande équipe Bien défendre ne suffit pas à faire une grande équipe, cela Kasperczak doit non seulement le comprendre, mais surtout l'admettre et faire de sorte que la sélection puisse enfin réhabiliter les valeurs de jeu, notions ces temps-ci oubliées, délaissées, ringardisées, alors qu'elle est la priorité suprême des équipes qui tiennent à s'imposer. La sélection n'a pas cessé pendant de longues années de cumuler les ennuis : crise de jeu, crise de résultats, crise d'identité. Tout cela dépasse largement le débat autour des résultats de matches, même si certains ont des fois tendance à tout effacer. Même les choix les plus discutables, même les choix les plus incompréhensibles. Il y a au fait un malaise et une profonde interrogation sur un football qui ne travaille pas suffisamment ses fondamentaux, sur une fédération qui brasse des millions de dinars, mais qui reste structurellement prisonnière d'une organisation qui date de l'âge de pierre et qui est toujours gérée comme une petite entreprise. Les questions essentielles pour l'avenir du football tunisien sont toujours sans réponses et il est temps que, derrière la lutte des hommes, émerge un véritable débat d'idées... Même si la formation présente au niveau des jeunes, que ce soit dans les clubs ou dans les équipes nationales, des lacunes, même si elle ne parvient pas toujours à dégager les créateurs de jeu, même si elle parait privilégier la quantité à la qualité, le physique à l'adresse, la puissance à la finesse, le football tunisien offre toujours un réservoir inépuisable. La détection et la formation de l'élite sont des domaines essentiels que la direction technique nationale doit désormais amplifier. C'est surtout l'un des enjeux majeurs du football tunisien grâce auquel il saura garder la tête hors de l'eau. Lestée, comme toujours, d'un passé assez sombre, et surtout des excès de bagages, fruits de faiblesses terriblement humaines, la sélection donne encore l'impression de ne pas avoir acquis la fermeté du système. C'est l'occasion de dire et de répéter que le sélectionneur et ses joueurs ne doivent plus oublier les valeurs qui font remuer les équipes. Celles qui représentent la vitalité de tout le football tunisien. Pas la peine d'attendre les grands rendez-vous pour se plonger au cœur de la performance. On ne s'empêchera pas ainsi de rappeler que les approches techniques et stratégiques, longtemps adoptées, étaient largement irrationnelles et jamais avares de mauvaises surprises. L'acte de remise en cause a bien sonné. Il est avant tout une obligation plus qu'un choix. Il faudrait se rendre à l'évidence et consentir que la sélection a besoin aujourd'hui d'évoluer de manière bien différente que celle préconisée jusque-là. Le changement devrait nécessairement passer par les joueurs, par davantage de responsabilisation et d'engagement, vis-à-vis de leurs aptitudes à s'impliquer dans une cause commune. La sélection de demain est appelée à être une équipe à tendance offensive, faite de risque et d'engagement, de dépassement de soi et d'effort soutenu. Tout doit y être. Avec un projet assez fort pour souder des individualités en un ensemble. Souvent, on pense que c'est la quantité du travail qui fait la différence. Mais la réalité est toute autre. Le plus important pour Kasperczak et son staff est d'offrir quelque chose de qualité optimale qui permettra aux joueurs de progresser à la fois individuellement et collectivement.