L'accident a causé la mort de 5 personnes : deux enfants, deux officiers de l'armée nationale et un agent de la Brigade antiterrorisme (BAT) et 54 autres blessés Les barrières de passage à niveau des voies ferrées sont en panne depuis un mois La P.-d.g. de la Sncft limogée Les Tunisiens son encore sous le choc de l'accident survenu hier entre un bus et un train et qui a fait cinq victimes et 54 autres blessés. Après l'émotion et la tristesse, la colère est légitime. Trop de négligences, trop de défaillances, trop de nonchalance et surtout trop de... bureaucratie ! Le bilan est assez lourd. Le chef de l'Etat a réagi. Il s'est rendu au chevet des blessés et leur a exprimé sa solidarité et sa compassion. Il a été informé que les barrières de passage à niveau des voies ferrées sont en panne depuis un mois. Il a exprimé son indignation face à la nonchalance de toutes les parties impliquées. Pour sa part, le chef du gouvernement a convoqué le ministre du Transport et a ordonné l'ouverture d'une enquête. Le ministre du Transport qui a souligné la difficulté d'affecter des contrôleurs au niveau de toutes les intersections, vu l'existence en Tunisie de 1.200 barrières automatiques et de 1.000 barrières anarchiques, a assuré que «les barrières de passage à niveau des trains et les dispositifs de signalisation ont été vandalisés et des vols de cuivre ont été commis», invitant les citoyens à faire face à ce phénomène qui menace la sécurité des personnes. Il n'empêche, des têtes ont commencé à tomber. La P.-d.g de la Sncft est limogée. La ministre de la Santé, Samira Merai, s'était déjà rendue au Centre de traumatologie de Ben Arous pour s'enquérir de l'état de santé des blessés. Trois cellules de soutien et d'aide psychologique aux blessés et aux familles des victimes ont été mises en place dans plusieurs hôpitaux (le Centre de traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous, l'Hôpital Charles-Nicolle, l'Hôpital militaire, l'Hôpital Mongi-Slim et l'Hôpital d'enfants de Bab Saâdoun), et ce, selon les cas et la nature des blessures. Dans le même contexte, elle a réitéré l'intervention rapide, sur les lieux, du cadre médical et des services de sécurité. En attendant de faire la lumière sur ce tragique accident, une enquête judiciaire a été ouverte pour connaître les causes de ce drame. Que s'est-il passé ? Une grave collision entre un train assurant la liaison entre Tunis et Kalâa Khasba et un bus de la Société régionale de transport de Nabeul s'est produit hier à 06h15 du matin à l'intersection des stations de Jbel Jloud et de Bir Al Kassaa au niveau de la borne kilométrique 4+600. Le bus, qui transportait une soixantaine de voyageurs dont la majorité sont des agents de police et des militaires, venait de Nabeul et rentrait à Tunis. C'est au niveau du passage à niveau que l'accident s'est produit. En l'absence de barrières fonctionnelles et de feu de signalisation — celles-ci ne fonctionnent plus depuis belle lurette et le feu de signalisation est en panne —, le chauffeur, en traversant les rails, ne s'est probablement pas aperçu du train venant de Bouarada et qui allait entrer à la gare de Jbel Jloud. A cette heure, il fait à peine jour et la zone est plongée dans l'obscurité, ce qui explique que la visibilité des automobilistes est très réduite. Si le chauffeur a traversé les rails en mauvais état et recouverts par endroits par les eaux des récentes pluies, c'est aussi parce que le train n'aurait vraisemblablement pas klaxonné pour signaler sa présence. Le dernier bilan fait état de cinq morts dont une femme, un bébé, un agent de police et deux civils et d'une cinquantaine de blessés. Quelques minutes après que l'accident s'est produit, l'alerte a été directement donnée à la cellule de crise du Centre des opérations sanitaires stratégiques du ministère de la Santé qui a été activée. L'équipe de la cellule de crise a assuré la coordination entre les différents intervenants et s'est chargée du dispatching des accidentés vers les différents établissements hospitaliers, a relevé le Docteur Henda Chebbi. Quatre ambulances du Samu de Tunis et deux ambulances militaires, ainsi que des agents de la protection civile ont été dépêchés sur les lieux. Les blessés ont été transportés à l'Hôpital des grands brûlés de Ben Arous, à Charles-Nicolle, à l'hôpital de La Marsa et à l'Hôpital militaire. Un enfant se trouve actuellement en soins intensifs à l'Hôpital des enfants de Bab Saâdoun. L'origine du drame est inconnue. On pourrait croire que le chauffeur serait fautif, mais selon le président-directeur-général de la Société régionale de transport de Nabeul (Srtn), ce chauffeur, sans histoire, travaille depuis plus de dix-huit ans au sein de la société et n'a jamais fait d'accident. «Il a la réputation d'être un conducteur prudent», a souligné M. Zouhair Miled, P-d.g. de la Srtn. Le chauffeur est sain et sauf, mais le receveur a eu de multiples blessures. On ne peut pas savoir qui est fautif. Une enquête vient d'être ouverte pour déterminer les responsabilités de chacun dans cet accident : «Je me suis rendu sur place. La première chose qu'il est possible de remarquer ce sont les barrières qui ne fonctionnent pas et le feu de signalisation qui est en panne. Même les rails ne sont pas visibles car ils sont recouverts par les eaux des dernières pluies. Par ailleurs, à cette heure matinale, il fait encore noir et la visibilité des conducteurs est très réduite. Tous ces facteurs réunis sont probablement à l'origine de l'accident qui s'est produit». La Sncft vient d'annoncer l'ouverture d'une enquête pour déterminer les causes de l'accident.