De notre envoyée spéciale en Algérie Meriem KHDIMALLAH Le Président de la République, Kaïs Saïed, est arrivé hier soir à Alger, accueilli à l'aéroport international Houari-Boumédiène par son homologue Abdelmadjid Tebboune. Les deux Chefs d'Etat ont passé en revue un détachement de l'armée et salué les drapeaux des deux nations, au son des hymnes nationaux tunisien et algérien. Cette cérémonie solennelle a marqué le coup d'envoi d'une visite placée sous le signe de la fraternité et de la coopération, à l'occasion de l'ouverture du Salon africain du commerce intra-africain (Iatf 2025). La Presse — Ce déplacement, qui fait suite à l'invitation du Président algérien, illustre la profondeur des relations tuniso-algériennes. Plus tôt dans la journée, Kaïs Saïed avait quitté Tunis, salué par la Cheffe du gouvernement, Sarra Zâafrani Zanzeri, le gouverneur de Tunis, Imed Boukhris, le secrétaire général de la municipalité de Tunis, Lotfi Dachraoui et plusieurs membres du cabinet présidentiel. Ce moment de départ, empreint de protocole, traduisait aussi l'importance accordée par la Tunisie à cette rencontre de haut niveau. Au-delà du symbole, la visite s'inscrit dans une dynamique africaine stratégique. L'Iatf, organisé du 4 au 10 septembre à Alger par la Banque africaine d'import-export et l'Union africaine, réunit plus de 200 exposants issus de 75 pays et devrait attirer près de 35.000 visiteurs. Les organisateurs s'attendent à des accords d'investissement dépassant les 44 milliards de dollars. La Tunisie y participe à travers un pavillon national de 300 m2 regroupant une trentaine d'entreprises opérant dans les secteurs de l'agroalimentaire, de l'automobile, de la pharmacie et des technologies, ainsi que des institutions d'accompagnement. Pour les autorités tunisiennes, cette présence est plus qu'économique : elle est identitaire. Kaïs Saïed ne cesse de rappeler l'appartenance africaine de la Tunisie et la nécessité d'une coopération Sud-Sud fondée sur la solidarité et la souveraineté. «L'Afrique regorge de richesses capables d'assurer la prospérité de ses peuples», avait-il déclaré en juillet dernier, insistant sur le rôle que peut jouer la Tunisie grâce à son positionnement géographique et à son expertise dans des secteurs comme le textile, la santé ou les énergies renouvelables. L'événement a également une forte charge symbolique dans la relation entre Tunis et Alger. La dernière visite de Kaïs Saïed en Algérie remonte à novembre 2024, lors des célébrations du 70e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, un moment où mémoire et fraternité avaient fusionné dans un hommage commun aux luttes de libération. Cette nouvelle rencontre prolonge cette trajectoire en affirmant la volonté partagée des deux pays de défendre une vision d'avenir: celle d'une Afrique unie, prospère et maître de son destin. Au-delà des accords commerciaux et des chiffres impressionnants, la rencontre de Saïed et Tebboune à Alger revêt une dimension humaine. Elle exprime la conviction que l'intégration africaine ne se limite pas aux flux financiers et aux statistiques, mais qu'elle repose avant tout sur la confiance, la solidarité et la reconnaissance d'une histoire commune. Pour les deux présidents, mais aussi pour les peuples qu'ils représentent, c'est cette dimension humaine qui donne sens à la coopération et qui nourrit l'espoir d'un continent plus fort et plus solidaire.