Le taux de réservation dans les unités hôtelières de Kairouan a atteint les 100%, reflet d'un afflux exceptionnel de visiteurs, parmi lesquels figuraient également des touristes étrangers désireux de découvrir le patrimoine et les rituels de la cité sainte en pareille occasion. La Presse — Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988, Kairouan, au patrimoine et aux traditions millénaires, a été fondée au VIIe siècle par Okba Ibn Nafaâ. La richesse de l'architecture de ses beaux monuments est un concentré des différentes civilisations qui se sont relayées en Tunisie. D'ailleurs, avec ses monuments historiques, ses vieux souks, ses mosquées et ses maisons médiévales, la cité aghlabide est un véritable musée islamique, notamment avec ses sites qui constituent les vestiges les plus marquants de l'école kairouanaise qui a inspiré et servi de modèle aux édifices construits dans tout le bassin occidental du monde islamique pendant des siècles. D'où l'intérêt de centaines de visiteurs locaux et de touristes de différentes nationalités, impatients de découvrir la majestueuse mosquée Okba avec ses magnifiques colonnes de marbre à chapiteaux antiques et son admirable minaret. D'ailleurs, à l'occasion de la célébration de la fête du Mouled, les nombreux visiteurs, dont des Algériens et des Libyens, n'ont pas manqué de visiter la Grande mosquée pour y faire les prières mais aussi pour admirer les plus complètes collections de céramique à reflets métalliques ornant le dessus du mihrab, la chaire en bois sculpté, la plus ancienne du monde arabo-musulman, la salle de prière envoûtante avec ses splendides portes en cèdre du Liban, ses 17 nefs, ses 8 travées et une forêt de colonnes de marbre. M. Raouf Ammari, fonctionnaire à Mahdia, venu avec sa famille à Kairouan, ne tarit pas d'éloges quant à la beauté exceptionnelle de la mosquée Okba : «A mon avis, c'est la plus importante de l'architecture aghlabide. Elle n'est pas uniquement le type de mosquée africain, mais elle représente le plus grand musée de chapiteaux byzantins et romains. En outre, elle est située au cœur de la ville de Kairouan et est signalée de loin par son minaret d'où est lancé cinq fois par jour l'appel à la prière...». Rappelons, dans ce contexte, que la Grande mosquée de Kairouan a été fondée par Okba en 670, puis fut agrandie par Yazid Ibn Hatem en 774 et complètement reconstruite par Ziyadat Allah en 836. De forme rectangulaire, elle apparaît comme une enceinte hérissée de contreforts et percée de huit portes datant du XIIIe siècle jusqu'au XVIIIe siècle. La cour centrale est entourée de galeries qui offrent une symphonie rythmée d'arcs en plein cintre outrepassés qui reposent sur des chapiteaux et colonnes provenant de sites anciens. Ainsi, et paradoxalement, cette mosquée constitue le plus grand musée de chapiteaux romains et byzantins jamais réunis dans un monument musulman. Quant au minaret de base carrée, il est formé de trois étages superposés atteignant trente-deux mètres de hauteur. Avec son allure imposante et sobre, ce minaret a servi d'exemple pour les autres mosquées ifriqiyennes jusqu'à l'arrivée des Ottomans.