Le Secrétaire Général du Syndicat tunisien des pharmaciens privés, Mohamed Saleh Kedachi, a confirmé ce jeudi soir que la crise de l'approvisionnement de certains médicaments allait progressivement se résorber à partir de la semaine prochaine. Dans une déclaration à l'Agence Tunis Afrique Presse, il a précisé que « les médicaments importés qui ont récemment connu des pénuries feront un retour progressif sur le marché local ». Il a ajouté que la distribution dans les pharmacies privées reprendra pour les médicaments de la thyroïde, de l'épilepsie (pour lesquels un générique est disponible localement), ainsi que certains médicaments pour le diabète. De plus, une solution a été trouvée concernant les problèmes d'approvisionnement en médicaments anticancéreux, qui ne sont pas disponibles dans les pharmacies privées. Cette amélioration, selon lui, fait suite à la dernière réunion de l'Observatoire des médicaments au ministère de la Santé, bien que le syndicat n'ait pas été convié à cette rencontre. Kedachi a également souligné que la crise des médicaments ne date pas d'aujourd'hui. Les premiers signes sont apparus dès 2014-2015 en raison des problèmes des caisses sociales et de l'accumulation des dettes envers la Pharmacie Centrale, l'unique importateur de médicaments. Le manque de liquidités a, à plusieurs reprises, obligé l'Etat à intervenir et à injecter des fonds pour redresser la situation, mais la crise de liquidité est revenue à la surface. Le secrétaire général a pointé du doigt la responsabilité de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) dans l'aggravation de la crise, en raison de ses retards de paiement aux pharmaciens. Cette situation a affecté des centaines de pharmacies privées (2 600 en Tunisie) dans leur capacité à acheter et à fournir des médicaments aux patients. Il a ajouté que de nombreuses pharmacies privées se trouvent dans une situation financière critique, n'ayant pas été payées depuis près de six mois. Il a appelé à une intervention urgente de la primature pour que les arriérés de la CNAM soient réglés, menaçant de suspendre l'accord sectoriel entre les deux parties si aucune solution concrète n'est trouvée. Un conseil ministériel restreint, présidé mercredi par la Première ministre, Najla Bouden Romdhane, avait déjà approuvé une série de mesures pour rationaliser et mieux gouverner le système pharmaceutique. L'objectif est de garantir un approvisionnement continu en médicaments pour tous les citoyens tout en assurant la pérennité du système. Selon un communiqué de la primature, le conseil a recommandé de renforcer les ressources financières de la Pharmacie Centrale Tunisienne et d'intensifier le contrôle du système pharmaceutique afin d'améliorer sa gouvernance. Il a également été recommandé de suivre l'approvisionnement du marché local en médicaments via une plateforme numérique qui permettra d'améliorer la distribution et la gestion des stocks. Parmi les autres mesures approuvées, le conseil a recommandé d'adopter de nouveaux mécanismes pour une meilleure gestion du système, de mettre en œuvre une transformation numérique complète et de réduire la durée d'examen des demandes d'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les médicaments importés n'ayant pas de génériques en Tunisie. Enfin, il a été recommandé de procéder à une révision radicale et complète du système d'assurance maladie.