Il s'agit d'une initiative portée par l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme) qui en est encore à ses premiers balbutiements. Les projets, démonstrateurs issus de l'appel à projets lancé en août dernier, poseront la première pierre d'une vision prometteuse pour le secteur agricole. La Presse —Méthode innovante et encore émergente, déjà adoptée dans plusieurs pays à travers le monde, l'agrivoltaïsme associe production photovoltaïque et agriculture. S'il existe plusieurs techniques, la plus répandue consiste à couvrir les productions agricoles par des panneaux photovoltaïques inclinables et amovibles. Cette approche inédite a donné des résultats probants, et a fait ses preuves dans un contexte où les agriculteurs font face aux enjeux du changement climatique. Que des bénéfices Réduction de l'évapotranspiration grâce à l'ombrage des cultures, limitation des périodes de photo-inhibition, économies d'eau, allégement de la facture énergétique des exploitations ou encore protection des cheptels lors d'épisodes de chaleur extrême... les bénéfices ont été largement démontrés à travers le monde. L'injection du surplus d'électricité peut également représenter une opportunité de compensation des pertes de revenus agricoles dues aux effets du dérèglement climatique. Il a été démontré, par exemple, que l'agrivoltaïsme permet de réduire jusqu'à 40 % les besoins en eau pour les salades. Dans certains pays, des expériences ont montré que les fourrages produits sous des panneaux solaires étaient plus riches en protéines. En Chine, l'installation d'une centrale agrivoltaïque d'une puissance de 2,2 gigawatts dans la région de Qinghai Gonghe, sur une superficie de 609 km2, a permis de réduire la vitesse du vent de 40 %, de faire baisser la température ambiante de 0,5 °C et d'augmenter l'humidité de 2 %. Ces conditions ont contribué à améliorer la croissance végétale, à restaurer la biodiversité et à lutter contre la désertification. L'Anme, cheville ouvrière de ce projet national En résumé, l'agrivoltaïsme s'impose comme un allié précieux pour les agriculteurs qui sont en première ligne face au changement climatique, et constitue une réponse pertinente en matière d'adaptation du secteur agricole. Une opportunité que la Tunisie examine sérieusement, d'autant plus qu'elle dispose d'un savoir-faire solide en matière de production photovoltaïque et d'agronomie. Pour l'heure, le projet est en phase d'expérimentation. L'Anme entend, en effet, développer des projets démonstrateurs pour expérimenter plusieurs solutions et, ce faisant, la Tunisie serait pionnière en la matière dans la région. L'appel à projets a été lancé à la suite d'études stratégiques sur le développement de l'agrivoltaïsme en Tunisie qui ont été réalisées pour le compte de l'Anme et financées par la GIZ. Les projets retenus auront pour vocation de démontrer les services rendus aux activités agricoles et à la transition énergétique. Ils devront notamment mettre en avant le rôle de l'agrivoltaïsme comme technologie d'appui à l'amélioration des cultures, à l'économie d'eau, au bien-être animal et, de manière générale, à l'adaptation au changement climatique. Ils permettront également d'évaluer son impact sur les revenus agricoles, sur la réduction du coût énergétique des exploitations et sur la contribution à l'atteinte des objectifs stratégiques de transition énergétique de la Tunisie. Les études menées en ce sens estiment que, dans le contexte tunisien, l'agrivoltaïsme pourrait raisonnablement contribuer à hauteur de 10 à 20 % aux objectifs de développement des énergies renouvelables fixés par l'Anme d'ici 2030. En outre, ces projets démonstrateurs fourniront des données solides sur la viabilité et la reproductibilité des expériences sur d'autres territoires et créeront une émulation collective nécessaire à l'émergence de futurs projets impliquant exploitants agricoles, financeurs et énergéticiens.