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La France, l'UE et les Roms
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 09 - 2010


Par Hmida BEN ROMDHANE
Ce n'est peut-être pas le meilleur moment choisi par le Président français, Nicolas Sarkozy, pour «régler» la question des Roms, ces gitans «nomades», originaires d'Europe centrale. Il y a des dossiers beaucoup plus importants à traiter, notamment le projet de réforme des retraites. Bien qu'il ait été voté mercredi denier par l'Assemblée nationale, ce projet reste impopulaire en France, si l'on en juge par la forte mobilisation du 7 septembre dernier qui a drainé dans les rues françaises un grand nombre de manifestants (1 million selon la police et près de 3 millions selon les syndicats). Les Français s'attendent à d'autres manifestations à l'occasion de l'examen du projet par le Sénat à partir du 5 octobre.
Mais ce n'est pas la meilleure manière non plus, car Sarkozy aurait pu faire l'économie de la tempête médiatique et de la crise avec l'Union européenne en procédant, comme il est d'usage dans nombre de pays européens, à des rapatriements discrets de ce groupe ethnique que, pour être franc, personne n'aime et personne n'en veut en Europe.
Et à commencer par leur principal pays, la Roumanie, où les Roms sont toujours marginalisés et méprisés. Dans la Roumanie d'aujourd'hui, la communauté des gitans souffre d'un taux de pauvreté 3 fois supérieur à la moyenne nationale, une espérance de vie et un taux d'alphabétisation bien inférieurs à la moyenne nationale et un taux de chômage qui, des fois, atteint carrément 100%.
Depuis l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, et sous la pression de celle-ci, une discrimination positive a, certes, été tentée par le gouvernement roumain en vue d'intégrer les Roms au sein de la communauté nationale et d'en faire des citoyens à part entière, actifs et honnêtes. Des programmes relatifs à l'éducation et à la santé pour les gitans ont bien été menés à grand renfort de publicité en Roumanie, mais peu de résultats concrets ont été enregistrés. La responsabilité est partagée : après des siècles d'oisiveté et de nomadisme, il est difficile pour la communauté des Roms de faire preuve d'enthousiasme à l'égard d'initiatives visant à les intégrer en changeant leur mode de vie. D'un autre côté, les sentiments de mépris vis-à-vis des Roms restent forts en Roumanie tant parmi le public que parmi les responsables politiques. Donc, si les Roms sont réticents à l'intégration dans leur propre pays, comment peuvent-ils s'intégrer chez les autres ? Et s'ils traînent le statut de pestiférés dans leur propre pays, comment peut-on en vouloir à ceux qui n'en veulent pas chez eux ?
La France évidemment n'est pas le seul pays où les Roms ont élu domicile. Ils sont un peu partout en Europe, et principalement dans trois grands pays européens : la France, l'Italie et l'Allemagne. Leur mode de vie un peu trop particulier, leur oisiveté, leur propension à vivre aux crochets des autres par la mendicité ou par le vol, la facilité avec laquelle ils s'adonnent à des activités illicites ou criminelles, autant d'éléments qui font que les Roms soient pointés du doigt, détestés et fortement impopulaires dans pratiquement tous les pays où ils sont établis.
Pour prendre le cas de l'Italie, le ministre de l'Intérieur, Franco Maroni, déclarait en mai 2008 : «Tous les camps de Roms doivent être démantelés aussitôt et leurs occupants rapatriés ou incarcérés.» Deux jours plus tard, une foule de jeunes Italiens incendia un camp de Roms à Naples. Commentaire du même ministre : «C'est ce qui arrive quand les gitans volent les bébés ou commettent des violences sexuelles»…
La Suède, l'un des pays les plus tolérants du monde, expulsa une cinquantaine de gitans au printemps dernier, et, en juillet de cette année, le Danemark expulsa à son tour un groupe de Roms que le maire de Copenhague qualifia de «criminels». Quant à l'Allemagne, elle essaie le plus discrètement possible, passé nazi oblige, à renvoyer vers le Kosovo les Roms ayant fui ce territoire, chassés par les Kosovars albanophones qui les accusaient de collaboration avec les Serbes pendant la guerre civile de 1999.
Ces quelques exemples montrent clairement que l'expulsion des Roms n'est ni une spécialité typiquement française, ni une cause sérieuse de crises politiques opposant l'Union européenne à certains de ses membres. Pourquoi alors une pratique anodine d'expulsion de «résidents illégaux», indésirables, s'est-elle soudain transformée en une profonde crise politique entre le gouvernement français et les technocrates de l'UE, gardiens autoproclamés du temple et de la morale européens ?
La responsabilité est partagée et le tort se situe de part et d'autre. On ne peut pas ne pas relever une certaine hypocrisie chez les technocrates européens qui ont toujours regardé ailleurs, tant que les expulsions de Roms se faisaient discrètement, loin des feux de la rampe. Il faut rappeler aussi que la virulence exagérée de certaines réactions de responsables européens contre la France cache mal le fait que l'échec de l'intégration des Roms est avant tout l'échec de l'Union européenne qui, en dépit des immenses moyens économiques et financiers à sa disposition, n'arrive pas à tirer de la marginalisation «le plus grand groupe ethnique d'Europe».
Le Président Sarkozy, de son côté, assume une large part de responsabilité en médiatisant à l'excès une pratique à laquelle la France est habituée depuis près d'un siècle, c'est-à-dire depuis 1912, date de la promulgation des premières lois anti-Roms. L'expulsion des gitans a toujours bénéficié du soutien de la majorité des Français. Le dernier sondage publié il y a deux ou trois jours par Le Figaro montre que 56% des Français soutiennent la décision de leur gouvernement de rapatrier les gitans dans leurs pays d'origine, la Roumanie et la Bulgarie.
A moins de deux ans de la présidentielle de 2012, et à un moment où sa popularité est loin d'être au zénith, on peut comprendre que le Président Sarkozy veuille tirer le maximum de profit politique d'une décision populaire. Mais au vu des développements dramatiques de cette affaire, et compte tenu des dommages subis par la France au sein de l'UE en termes de crédibilité et d'influence, il n'est pas sûr que le jeu vaille la chandelle.
Cela dit, il y a peu de chance qu'une telle crise franco-européenne se reproduise, car les uns et les autres auront tiré les leçons qui s'imposent. La France réglera la question de «ses» Roms comme elle l'a toujours fait, dans la discrétion, et les technocrates européens regarderont ailleurs comme d'habitude. Quant aux Roms, une fois expulsés, rien ne les empêche de revenir en France ou en Italie, leurs passeports roumains ou bulgares les dispensant des formalités de visas.


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