Soutien de l'Italie à l'initiative tunisienne concernant la crise en Libye Rome (TAP) — Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a invité les Italiens à revenir en Tunisie. «J'adresse un message de fraternité de la part du peuple tunisien à l'ensemble des Italiens. Ils sont les bienvenus en Tunisie où règne la stabilité», a-t-il dit dans une déclaration à la presse au terme de son entretien avec le président italien Sergio Mattarella, hier, au Palais Quirinal à Rome. Il a ajouté que «l'approche sécuritaire de lutte contre le terrorisme est primordiale». «L'Europe est, aujourd'hui, appelée à mettre en place un projet stratégique global avec les pays du Sud de la Méditerranée pour rétablir la sécurité dans la région». Concernant la lutte contre l'émigration illégale, Caïd Essebsi a rappelé l'accord conclu en 2011 entre la Tunisie et l'Italie, accord qui, a-t-il dit, a permis de réduire le nombre des migrants clandestins de 22 mille en 2011 à 1.000 en 2016. Il a expliqué que l'Italie a, dans le cadre de cet accord, apporté une aide à la Tunisie en matière de sécurisation des frontières maritimes. La sécurisation totale des frontières se fera en juillet prochain, a-t-il ajouté. Sur la crise en Libye, le président Caïd Essebsi a déclaré que «le soutien de l'Italie à l'initiative proposée par la Tunisie, l'Algérie et l'Egypte pour aider la Libye à former un Etat souverain, sans exclusion ni ingérence étrangère, est bienvenu». Le chef de l'Etat a estimé que «l'Italie constitue un élément essentiel pour la réussite de cette initiative placée sous l'égide des Nations unies». Il a fait remarquer que l'Italie est «le pays européen qui accorde le plus d'intérêt à la situation en Libye, compte tenu des liens historiques liant les deux pays». Caïd Essebsi a, par ailleurs, indiqué que sa rencontre avec le président italien a montré une cohésion des points de vue sur les relations bilatérales et internationales, se disant optimiste quant à l'avenir des ces relations, surtout que l'Italie présidera, en mai prochain, le Groupe des sept (G7) qui inscrira dans ses programmes les questions du terrorisme, les mutations rapides et profondes à l'échelle mondiale et la situation internationale. De son côté, le président italien a affirmé que sa rencontre avec le président Caïd Essebsi a été une occasion pour réaffirmer la solidité des liens d'amitié et des relations de coopération unissant les deux pays. La Tunisie, a-t-il dit, est un partenaire privilégié qui tient une place importante dans le bassin méditerranéen. Sergio Mattarella a promis de mobiliser le soutien nécessaire en faveur de la Tunisie lors de la présidence de l'Italie du G7 en mai prochain. Cette visite sera marquée par la signature de six accords entre la Tunisie et l'Italie dans les domaines du tourisme, de la santé, de l'énergie et de la culture, a-t-il dit, rappelant la contribution importante de l'Italie à la Conférence sur l'investissement (Tunisia 2020). Il a, dans ce contexte, souligné l'importance du projet d'interconnexion électrique entre la Tunisie et l'Italie. C'est un projet qu'il faut mener à terme étant donné qu'il apportera d'importants avantages aux deux pays, a-t-il dit. Parlant de la migration illégale, le président italien a insisté sur la nécessité d'investir dans la jeunesse. Il s'agit aussi, a-t-il dit, de protéger les jeunes contre les trafiquants et contre l'embrigadement djihadiste. Sur la question libyenne, Sergio Mattarella a exprimé la volonté de son pays d'aider à la formation d'un gouvernement libyen capable d'instaurer la stabilité et la paix dans ce pays. Notons que le président Béji Caïd Essebsi est arrivé hier à l'aéroport militaire Ciampino à Rome pour une visite d'Etat de deux jours à l'invitation de son homologue Sergio Mattarella. Il a été acueilli par le ministre italien des Affaires étrangères, Angelino Alfano, les ambassadeurs des deux pays et les membres des missions diplomatiques arabes accréditées à Rome. Cette visite revêt une grande importance, elle s'inscrit dans le cadre de la concertation politique et la consolidation de la coopération entre les deux pays amis, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Khémaies Jhinaoui. Il a indiqué que six conventions englobant divers secteurs d'activité seront signées entre les deux pays. Le président de la République prononcera un discours au parlement italien devant les membres des deux chambres (la Chambre des députés et le Sénat). Au volet économique, Jhinaoui a souligné que Caïd Essebsi présidera une réunion regroupant des responsables et hommes d'affaires des deux pays. Caïd Essebsi est accompagné du ministre des Affaires étrangères, du ministre du Développement, de l'Investissement et de la Coopération internationale, de la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, de députés et d'une délégation d'hommes d'affaires. Par ailleurs, le président Caïd Essebsi s'est entretenu, hier, à Rome, avec le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, au sujet des différents volets de la coopération bilatérale. A cette occasion, l'accent a été mis sur les attentes de la partie tunisienne en matière d'aide à la relance de l'économie, à l'accès des jeunes aux opportunités d'emploi et au renforcement de la coopération sécuritaire, indique la présidence de la République dans un communiqué. Il s'agit, aussi, du rôle central que pourrait jouer l'Italie au sein de l'Union européenne ou lors de sa présidence du Groupe des sept en vue d'aider la Tunisie à faire face à ses nombreux défis. Les deux parties ont affirmé que la visite d'Etat du président Caïd Essebsi en Italie représente «un rendez-vous important dans les relations tuniso-italiennes», surtout qu'elle coïncide avec le 60e anniversaire de l'établissement de relations diplomatiques entre les deux Etats. Elle témoigne, également, d'une «volonté politique forte de consolider la coopération et la concertation», lit-on de même source. L'entretien a été l'occasion de passer en revue les questions d'intérêt commun, dont le dossier libyen et les efforts déployés pour le règlement de la crise à travers le dialogue entre les différentes parties libyennes. Les questions de l'extrémisme, du terrorisme et de la migration illégale en Méditerranée ont, aussi, été évoquées.