Comme à son habitude, le président Béji Caïd Essebsi a tenu à ses interlocuteurs italiens le langage de la vérité, de la transparence et du courage. Pour gagner le pari d'éradiquer le terrorisme qui ne ménage personne, une seule issue : la coopération pluridisciplinaire «En 2011, ils étaient 21.000 migrants clandestins tunisiens à affluer vers l'Italie. En 2016, ils n'étaient plus que 1.000. C'est le résultat de la convention que nous avons signée avec l'Italie». Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, savait de quoi il parlait en s'adressant aux membres des commissions des affaires étrangères du Parlement et du Sénat italiens. Déjà quand il était Premier ministre, de mars jusqu'en novembre 2011, il a placé la question de l'émigration clandestine vers l'Italie au fronton des préoccupations de son gouvernement et on se rappelle encore la visite qu'il a effectuée en Italie à cette époque, au cours de laquelle il a réussi à arracher au gouvernement italien un accord selon lequel les clandestins déjà sur place (avril 2011) étaient autorisés à y rester en attendant que leur situation soit régularisée. En contrepartie, le gouvernement italien avait le droit de refouler ceux qui regagnaient l'île de Lampedusa après l'accord convenu entre les deux pays. Le président de la République a de nouveau défendu l'approche selon laquelle il est impossible de parvenir à une solution définitive au fléau de l'émigration clandestine en adoptant une approche exclusivement sécuritaire, d'où la nécessité de mettre au point une stratégie globale et commune basée sur la coopération bilatérale. Et c'est ce qui ressort des accords de coopération signés à l'issue de la visite d'Etat du chef de l'Etat en Italie. Six conventions ont été signées. Elles concernent la protection de l'environnement, le développement régional et local et l'amélioration de l'infrastructure dans les établissements éducatifs auxquels seront consacrés 165,5 millions d'euros dont 65,5 millions à titre de dons, la culture et la formation, le transport international routier, la santé et les sciences médicales. «Ces accords, souligne Khemaïes Jhinaoui, ministre des Affaires étrangères, viennent concrétiser la contribution importante de l'Italie à la Conférence internationale sur l'investissement (Tunisia 2020)». D'autre part, on apprend qu'une feuille de route a été signée dans le but de déterminer le calendrier de la concrétisation des accords conclus. L'éradication du terrorisme, une responsabilité partagée Les résultats auxquels a abouti la visite d'Etat du président Caïd Essebsi en Italie ne se limitent pas uniquement à l'économique. Ils ont touché également l'épineux fléau du terrorisme et la nécessité «de le combattre ensemble dans la mesure où les terroristes frappent partout, y compris dans les pays de l'Europe. D'où la nécessité de mettre en œuvre une stratégie globale en vue de l'éradication du terrorisme», comme le souligne le chef de l'Etat, avec son style particulier fait de clarté, de transparence et de courage de dire les choses crûment. Et le problème de s'inviter dans les entretiens du chef de l'Etat avec les responsables italiens. Ainsi, pour le président Caïd Essebsi, les choses sont claires : s'il existe une solution définitive au terrorisme, elle ne peut être que commune, engageant la Tunisie et ses voisins immédiats, d'une part, et les pays du Sud de la Méditerranée, d'autre part, dont en premier lieu l'Italie qui a toujours entretenu des rapports vieux de plusieurs siècles avec la Tunisie et la Libye. Il est donc légitime que la Tunisie attende de l'Italie un soutien plus agissant dans son entreprise démocratique ou à l'occasion de l'initiative qu'elle mène avec l'Algérie dans le but d'amener les parties libyennes en conflit à dialoguer ensemble et à trouver une solution consensuelle à la crise qui déchire leur pays.