Le chercheur en politiques publiques au Centre Ali Ben Gadhhem pour la justice fiscale, Amin Bouzeyene, a déclaré hier lundi 29 septembre 2025 que le projet de loi de finances 2026 traduit la volonté de l'Etat tunisien de renforcer ses ressources fiscales. Il a toutefois souligné qu'il est essentiel que le gouvernement précise clairement les sources de ces nouvelles recettes. Lors de son intervention sur les ondes d'Express Fm, Bouziane a indiqué que la pression fiscale en Tunisie n'est pas élevée et qu'il existe une marge importante pour réformer le système fiscal, notamment par l'instauration de nouvelles tranches d'imposition pour les hauts revenus afin de réduire les inégalités. L'expert a souligné la nécessité de revoir les privilèges fiscaux, dont l'efficacité reste limitée, comme en témoignent plusieurs études qui ont montré leur faible impact même dans les secteurs de l'investissement et de l'exportation. Il s'est interrogé sur l'objectif réel de ces privilèges, à savoir s'ils visent véritablement à soutenir l'économie ou les aspects sociaux. Bouzeyene a en outre critiqué les politiques de réduction des impôts sur les entreprises et les revenus visant à intégrer l'économie informelle, les jugeant inefficaces. Il a plaidé pour la réintroduction de l'impôt progressif sur le revenu, en vigueur dans les années 1980, comme un outil clé pour assurer une justice fiscale plus équitable. Il a proposé aussi la généralisation d'un impôt progressif sur la richesse immobilière. Concernant la fiscalité immobilière, il a souligné que le taux de recouvrement ne dépasse pas 25 % en raison des faiblesses des mécanismes de collecte, et a estimé injuste que les propriétaires d'appartements financés par des prêts soient soumis aux mêmes règles fiscales que les propriétaires de grandes propriétés. Face à cette situation, Bouzeyene a appelé à une réforme profonde de l'administration fiscale tunisienne, notamment par un renforcement des capacités humaines et logistiques pour mieux lutter contre la fraude fiscale. Selon lui, celle-ci occasionne des pertes estimées à 25 milliards de dinars par an. Dans ce même cadre, il a recommandé le recrutement de centaines, voire de milliers, d'inspecteurs fiscaux pour assurer l'efficacité du système.