Plusieurs filières agricoles, dont celles qui concernent les produits maraîchers et l'élevage, font face à d'importants problèmes examinés récemment par le bureau exécutif de l'organisation agricole. Le bureau exécutif de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap) a tenu le 8 février courant sa réunion périodique pour examiner la situation agricole générale et la marche des campagnes, ainsi que les difficultés structurelles et conjoncturelles rencontrées par les différentes filières de production. Le bureau a examiné la concrétisation des dispositions annoncées le 3 septembre 2015, suite à la protestation des agriculteurs et l'exécution de la convention de Carthage visant à sauver le secteur agricole. Le bureau exécutif a exprimé sa déception à ce sujet indiquant que le gouvernement d'union nationale a fait preuve de piétinement, dans la mesure où les dispositions précitées n'ont pas été exécutées. Les demandes de l'Utap n'ont pas été prises en considération par le gouvernement qui n'a pas tenu ses engagements. Le Fonds des catastrophes naturelles, l'endettement du secteur agricole et de la pêche, la réforme des régimes d'assurance et de financement, ainsi que la couverture sociale n'ont pas bénéficié d'un intérêt de la part des autorités compétentes. En outre, les structures de la vulgarisation, de la formation et de l'encadrement ont brillé par leur absence, ce qui a eu des impacts négatifs sur la productivité et la rentabilité économique. Définition des quotas des régions S'agissant du manque des eaux d'irrigation, le bureau exécutif a remarqué l'abandon du ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche de ce qui a été convenu en matière de définition de quotas des régions et des besoins des agriculteurs en eau d'irrigation. Le ministère a imposé sa décision unilatérale relative à la diminution des quantités d'eau d'irrigation sans consultation de l'organisation agricole. Le département de tutelle n'a pas jugé opportun d'accélérer la mise en place d'une stratégie anticipée relative au manque d'eau prévu et aux changements climatiques, et ce, conformément à la convention de Carthage. Le bureau exécutif responsabilise le ministère sur les effets qui pourraient survenir suite à sa décision relative à l'interdiction de certaines cultures, ce qui a eu pour conséquence l'accroissement de l'endettement des agriculteurs qui font face à plusieurs difficultés. Ainsi, les superficies emblavées en produits maraîchers ont été réduites, ce qui a amené à la diminution de la production sensiblement et à l'augmentation des prix. Le bureau exécutif prévient que le manque d'eau suscite des inquiétudes compréhensibles au sujet de la campagne agricole saisonnière. Pour ce qui est de l'état d'avancement des campagnes agricoles, le bureau exécutif est préoccupé par le manque flagrant des quantités d'engrais chimiques dans plusieurs zones agricoles et appelle, de nouveau, les autorités compétentes à faciliter les procédures d'approvisionnement des agriculteurs en cette matière. Un appel est lancé également pour réviser les prix des céréales au niveau de la production, compte tenu de l'augmentation du coût des intrants. Le bureau exécutif a évoqué aussi le secteur de l'élevage appelant les autorités compétentes à accélérer la révision du prix du lait à la production et se préparer bien à l'avance à la période de haute lactation. Il est urgent, de même, de mettre en place une stratégie nationale de développement des ressources fourragères en vue de limiter les effets du déficit structurel en cette matière et le déséquilibre dont souffre la filière. Par ailleurs, il est nécessaire de faire face aux vols du bétail assimilables à des crimes, ce qui exige une révision des législations y afférentes. Les travaux du bureau exécutif ont porté également sur les circuits de distribution et l'importation, la restructuration des terres domaniales, les sociétés mutuelles et la pêche. A la fin des travaux, le bureau exécutif national a souligné la volonté de toutes les structures de l'organisation agricole de maintenir son droit d'émettre ses observations et ses positions à l'encontre des conditions difficiles du secteur. Nous y reviendrons.