C'est le parfait exemple du footballeur dont la blessure mal gérée a précipité la retraite à seulement 28 ans. «J'aurais pu prendre part à la Coupe du monde de 1978 si ma blessure du genou avait été bien traitée et bien gérée. Je ne me lamente pas sur mon sort, mais il faut quand même que nos médecins et nos responsables sportifs tirent les leçons afin que les erreurs ne se reproduisent plus à l'avenir et que l'on mette en place tout le dispositif médical et paramédical adéquat afin de bien gérer la convalescence et la réhabilitation du sportif suite à une blessure. En effet, je me considère comme étant le parfait exemple du joueur ayant subi une blessure somme toute banale, mais dont le traitement et le suivi furent loin d'être faits dans les règles de l'art. La blessure que j'ai contractée lors d'un certain CA-SRS au cours de la saison 1973-74 consistait en la rupture du ligament latéral du genou. Les douleurs que j'ai ressenties ne laissaient aucun doute quant au caractère sérieux de la blessure, chose qui m'a contraint à aller consulter le médecin du centre médico-sportif, docteur Ali Bouzaïane. Ce dernier a diagnostiqué la bonne lésion, à savoir la rupture du ligament latéral droit du genou et m'a recommandé d'aller subir le traitement nécessaire à l'hôpital Kassab. Sans perdre de temps, j'ai consulté le professeur Mohamed Kassab lui-même qui était à l'époque réputé pour être le premier spécialiste en orthopédie. Seulement, ce dernier est passé à côté du bon diagnostic en m'affirmant qu'il n'y avait pas de rupture du ligament, mais qu'il s'agissait tout simplement d'un étirement sans gravité pour lequel il m'avait prescrit un traitement par voie orale au cortisone. Ce fut le début de toutes mes peines, car la blessure s'était compliquée et les douleurs persistaient sans répit. Devant cette situation, feu Azzouz Lasram m'a accompagné en France pour consulter le célèbre orthopédiste-traumatologue spécialisé du genou, en l'occurrence le professeur Thrillat, de l'hôpital Edouard-Herriot à Lyon. Grande et très désagréable fut notre surprise lorsque cet éminent médecin nous confirma le premier diagnostic fait par Dr Bouzaïane, c'est-à-dire la rupture du ligament latéral droit de mon genou. Pis encore, aucune intervention chirurgicale ne pouvait être faite sur mon genou, du moins avant deux mois, c'est-à-dire après la dissipation totale de l'effet du cortisone prescrit à tort par Dr Kassab. J'ai donc dû retourner à Tunis pour subir une opération chirurgicale au centre orthopédique Kassab après deux mois de ma visite en France. J'ai été plâtré pendant 45 jours en plein été. Et je ne vous raconte pas ce que j'ai pu endurer par la suite. C'était un vrai calvaire avec une rééducation approximative et une réhabilitation gâchée. Le résultat : une fin de carrière quelque temps après à l'âge de 28 ans en 1975...». Il faut juste rappeler que Ahmed Zitouni fut sacré «soulier d'or» en 1971 et était le titulaire international à part entière au poste d'arrière droit. «N'eût été cette blessure à la gestion hasardeuse, ma carrière aurait pu être prolongée plusieurs années après, et j'aurais pu vivre avec mes coéquipiers de l'équipe nationale les moments historiques de la qualification en Coupe du monde de 1978». Amor BACCAR