La campagne oléicole 2025-2026 s'annonce particulièrement favorable en Tunisie. Selon Midani Dhaoui, président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie (Synagri), la saison de la récolte des olives débutera le 15 octobre et devrait enregistrer une hausse de la production d'au moins 30 % par rapport à l'année précédente. "Les chiffres sont très encourageants. Nous nous attendons à une récolte honorable, voire exceptionnelle", a déclaré Dhaoui ce vendredi 10 octobre 2025 sur les ondes d'Express FM. Des leçons tirées d'une année difficile Malgré cette embellie, plusieurs défis freinent le secteur. Le syndicaliste a évoqué les difficultés d'exportation, de valorisation et de financement, appelant à un accompagnement concret de l'Etat. Il a rappelé que le syndicat a déjà sollicité un appui financier, une demande à laquelle les plus hautes autorités du pays ont répondu positivement : "Le président de la République a instruit le ministre de l'Agriculture de prendre des décisions urgentes, et le gouverneur de la Banque centrale a demandé aux banques de garantir le bon financement de la campagne oléicole", a-t-il encore précisé. La saison précédente avait été marquée par des prix très bas et une forte déception pour les producteurs. Dhaoui insiste donc sur la nécessité de préparer sérieusement la récolte à venir, rappelant que 95 % des oliveraies tunisiennes sont irriguées, un facteur de coût élevé pour les agriculteurs. "Il faut penser à préserver la forêt d'oliviers, car elle constitue une richesse nationale. Ces cultures nécessitent un suivi et des investissements constants", a-t-il affirmé. Repenser la consommation locale Selon Dhaoui, la Tunisie doit mieux valoriser son huile d'olive, souvent exportée en vrac avant d'être reconditionnée et revendue à prix fort par des concurrents étrangers. "Nous produisons l'huile, mais ce sont d'autres qui l'emballent et en tirent la valeur ajoutée", a-t-il regretté. Il a salué la réactivité de l'Etat, tout en appelant à une application effective des décisions sur le terrain. Le responsable syndical insiste sur la nécessité de renforcer la diplomatie économique et de diversifier les marchés d'exportation, notamment vers l'Afrique et l'Asie. Malgré sa renommée mondiale, la consommation d'huile d'olive en Tunisie demeure faible. Dhaoui pointe du doigt le pouvoir d'achat limité des ménages, qui les pousse à se tourner vers les huiles végétales subventionnées. "Nous avons proposé de réorienter une partie des subventions destinées à l'huile de soja et aux huiles végétales vers l'huile d'olive. Cela profiterait à la fois au producteur et au consommateur", a-t-il assuré. Financement, climat et législation : les autres urgences Le président du syndicat a également évoqué les difficultés financières auxquelles les agriculteurs font face, aggravées par les sécheresses successives, les changements climatiques et l'endettement croissant. Il a souligné que de nombreux producteurs contribuent au Fonds des calamités naturelles, mais que les procédures de financement restent inadaptées. "Nous devons réformer en profondeur le cadre législatif agricole. La relance du secteur passe par des lois plus modernes et un véritable soutien aux producteurs", a-t-il affirmé. Pour Dhaoui, la réussite de cette campagne repose sur une mobilisation conjointe de l'Etat, des institutions financières et des exportateurs. "Si cette récolte s'annonce exceptionnelle, elle doit être accompagnée sur tous les plans – économique, logistique et diplomatique – pour en tirer pleinement profit", a-t-il indiqué. Alors que les premières olives s'apprêtent à être cueillies, le secteur oléicole tunisien entre dans une phase décisive : transformer une année prometteuse en réussite durable, capable de renforcer la place de la Tunisie parmi les premiers producteurs mondiaux d'huile d'olive.