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L'huile d'olive : un secteur qui part en vrac !
Publié dans Business News le 05 - 12 - 2024

Il y a quelques semaines, alors que la saison de récolte des olives battait son plein, un cri d'alarme a retenti à travers la Tunisie. L'huile d'olive, un pilier économique du pays depuis des siècles, se retrouvait en crise. Le secteur, qui a traversé des turbulences dans les dernières années, était à nouveau confronté à des défis colossaux.

Dans un contexte de production en plein essor et d'une exportation qui ne cesse de croître, l'avenir de ce trésor national semblait, pourtant, incertain. Les chiffres étaient là pour témoigner de la solidité de la Tunisie en tant que leader mondial de l'huile d'olive, mais les réalités du terrain dessinaient une autre histoire.

Une filière en crise malgré des records de production
Au fil des années, la Tunisie s'est imposée comme un acteur majeur dans la production et l'exportation d'huile d'olive. De 2014 à 2024, l'histoire de cette huile se raconte à travers des records et des défis. En 2024, la production d'huile d'olive en Tunisie a atteint un sommet historique, estimée à 340.000 tonnes pour la saison 2024-2025. Cette performance est le fruit d'une conjoncture climatique plus favorable, mais aussi d'un investissement considérable dans l'amélioration des techniques agricoles et la modernisation des oliveraies des acteurs privés du secteurs. Une croissance qui ne se limite pas à l'aspect quantitatif, mais s'accompagne aussi d'une montée en gamme du produit tunisien, dont la renommée dépasse les frontières. L'huile d'olive tunisienne est désormais exportée aux quatre coins du monde, devenant un véritable ambassadeur de la qualité et du savoir-faire tunisien.
En 2023-2024, les exportations ont atteint 190.122 tonnes d'huile d'olive, générant un revenu record de 5162 millions de dinars (soit environ 1,65 milliard USD).

Des marges réduites et une économie fragilisée
Cependant, dès le début de cette saison, la réalité s'est avérée bien plus complexe. Les premiers signes de perturbations sont apparus avec l'énoncé de plusieurs déclarations notamment celle de Dhaoui Midani, le président du Syndicat des agriculteurs de Tunisie, le 23 octobre 2024. Lors d'une intervention sur les ondes de Jawhara FM, il a plaidé pour que le prix de l'huile d'olive soit fixé à dix dinars le litre pour les Tunisiens alors que la saison n'a même commencé. Ce prix symbolique, si attrayant qu'il puisse paraître pour le consommateur local, n'est malheureusement pas viable pour les producteurs. Selon les experts, ce montant ne couvre même pas les coûts de production des agriculteurs, laissant un grand nombre d'entre eux dans une impasse financière.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que le secteur oléicole tunisien, comme beaucoup d'autres secteurs agricoles, souffre d'une crise économique profonde. La Tunisie, déjà frappée par une inflation galopante et une dévaluation de sa monnaie, fait face à des pressions internes qui compliquent la gestion de sa production agricole. L'huile d'olive, qui représente environ 40 % des exportations agricoles du pays, est une source essentielle de devises, mais elle se trouve au cœur d'une bataille économique de plus en plus intense. Les agriculteurs tunisiens, qui ont vu leurs coûts de production augmenter, se retrouvent dans une situation où leurs marges sont minimes, voire inexistantes.

Déséquilibres dans la chaîne de production
Le secteur de l'huile d'olive en Tunisie repose sur trois acteurs principaux : les agriculteurs, les huileries et les exportateurs. Chacun de ces acteurs joue un rôle crucial dans la chaîne de production et de distribution de l'huile d'olive, mais cette relation est souvent marquée par des déséquilibres et des tensions. Le groupe CHO, acteur majeur dans le domaine de la production et de l'exportation de l'huile d'olive en Tunisie, a particulièrement fait parler de lui cette année, notamment en raison des ennuis judiciaires de son PDG Abdelaziz Makhloufi, arrêté pour des infractions douanières et fiscales selon des sources proche du dossier. D'autres sources évoquent que le groupe CHO achète entre 40 et 60 % de la production nationale d'olives, ce qui lui confère une position dominante, mais aussi une grande responsabilité dans la régulation des prix et la gestion des exportations.

En dépit des espoirs suscités par la récolte de 2024, les prix de l'huile d'olive ont commencé à fléchir, et la situation s'est rapidement détériorée. Au fur et à mesure que la récolte avançait, les prix ont chuté jusqu'à atteindre des niveaux préoccupants, descendant même au seuil des dix dinars évoqués par Dhaoui Midani. Cette chute a eu pour effet de désorganiser et déséquilibrer le marché, d'instaurer une incertitude totale et de mettre en péril la viabilité de nombreuses exploitations agricoles. Selon plusieurs experts, un agriculteur ne pourra réellement couvrir ses coûts et réaliser un bénéfice raisonnable que si le prix des olives atteint au moins quatorze dinars le litre, bien loin du prix actuel. Le constat est donc alarmant : les producteurs sont piégés entre un coût de production qui ne cesse d'augmenter et un prix de vente qui ne leur permet même pas de survivre, les huileries qui ne trouvent pas d'olive à presser et les exportateurs qui ne se sont pas manifestés pour l'instant en vue du climat politique tendu et les séries d'arrestations d'homme d'affaires ainsi que l'enjeu international du marché d'huile d'olive. Donc, entre enjeu interne, et externe, le secteur se trouve en total déséquilibre.

La suspension de la récolte : une décision catastrophique
Le 3 décembre 2024, un autre coup de tonnerre a secoué la filière oléicole : la récolte d'huile d'olive a été suspendue sur l'ensemble du territoire tunisien en raison de la chute des prix. Cette interruption en pleine saison est une catastrophe pour les producteurs, car elle entraîne des pertes considérables, non seulement en termes de volume, mais aussi de qualité de l'huile produite. Le ralentissement ou l'arrêt de la récolte en période critique compromet la qualité de l'huile, ce qui peut entraîner des conséquences sur les exportations futures. Si cette situation perdure, elle risque de provoquer une perte de confiance dans la filière et d'aggraver la crise dans laquelle elle se trouve.

Des mesures gouvernementales jugées insuffisantes
Face à cette situation désastreuse, le gouvernement tunisien a tenté de répondre en multipliant les mesures. Les ministères de l'Agriculture, du Commerce et du Développement des Exportations ont annoncé, le 2 décembre 2024, la mise en place d'une cellule de suivi pour coordonner les efforts des différents acteurs du secteur. Cette cellule regroupe des représentants des exportateurs, des huileries, des agriculteurs, des banques et de l'administration, dans le but de trouver des solutions immédiates à la crise. Cependant, ces mesures restent encore trop timides pour répondre aux besoins urgents du secteur. Le même jour, le gouvernement a également annoncé l'ouverture du marché aux exportateurs privés pour l'exportation d'huile d'olive en vrac, une décision qui entre en vigueur dès janvier 2025. Si cette mesure vise à faciliter l'exportation, elle soulève également des inquiétudes : elle pourrait permettre à des pays comme l'Espagne ou l'Italie de prendre le relais de la production tunisienne, en faisant importer de l'huile d'olive sans en conserver la valeur ajoutée. Cette huile d'olive qui sera exportée en vrac, sera vendue après comme étant une huile espagnole où bien italienne, selon l'acquéreur.
Les tensions se sont intensifiées davantage avec l'attitude de l'Office national de l'huile (ONH), qui, malgré les promesses du gouvernement de soutenir les agriculteurs en achetant leur production, ne s'est pas encore montré à la hauteur des attentes.
Le 5 décembre 2024, Anouar Harathi, dans une interview accordée à Hatem Ben Amara, a critiqué ouvertement l'ONH pour son manque de réactivité face aux recommandations présidentielles.
Alors que le 27 novembre 2024, le président de la République Kaïs Saïed annonçait un programme national pour soutenir la récolte des olives, où il engage l'ONH a intervenir et récupérer la production d'huile d'olive, ce dernier se trouve jusqu'à maintenant incapable de concrétiser la volonté présidentielle surtout qu'il ne dispose pas des moyens pour réaliser cette mission au niveau du stockage ou au niveau du volet financier créant ainsi un vide dans le dernier maillons de la chaine de production d'huile d'olive.

La crise de l'huile d'olive tunisienne illustre bien les défis auxquels le pays est confronté dans la gestion de ses ressources naturelles et surtout les conséquences des décision démagogiques qui ne tiennent pas en compte la valeur des richesses du pays, mais aussi dans sa capacité à relever les défis économiques internes. Alors que la Tunisie avait réussi à s'imposer sur le marché international ces dernières années, le retour à la vente en vrac et l'inefficacité des politiques actuelles risquent de faire perdre au pays une grande partie de sa position stratégique. L'enjeu est crucial, non seulement pour les producteurs, mais pour l'économie tunisienne tout entière. Le temps presse, et le secteur oléicole a besoin d'une vision à long terme.


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