Transparence et redevabilité sont les principes de base d'une bonne gouvernance. D'ailleurs, la corrélation est étroite entre bonne gouvernance et lutte contre la corruption. Les défis qui se posent, aujourd'hui, ne sont plus uniquement juridiques et sécuritaires. Ils sont aussi d'ordre économique L'Association tunisienne de gouvernance (ATG) a présenté, hier, son quatrième rapport annuel, avec pour thème « Gouvernance du système sécuritaire en Tunisie ». Ce choix du sujet si délicat et transversal trouve son explication dans l'appui qu'il porte au marché des affaires. Sécurité-économie font, ainsi, tandem. En ce contexte post-révolution, la relation organique qui les lie a bien montré ses preuves. Mais la gouvernance dans les deux secteurs demeure un enjeu de taille. C'est pourquoi l'ATG, aux dires de son président Moez Joudi, en a fait son cheval de bataille. Son association étant, comme il la présente, un cercle de réflexion et d'échange, mais également une institution de référence spécialisée en matière de gouvernance. Après l'étude qu'elle avait, depuis deux ans, réalisée sur l'action associative et les médias, l'association a opté, cette année, pour l'institution sécuritaire sa gouvernance, son fonctionnement, son potentiel effectif, la répartition des rôles et ses capacités à relever les défis du terrorisme, du crime organisé, corruption et bien d'autres phénomènes auxquels elle devrait faire face. Membre du staff rédacteur, Mme Badra Gaâloul, sociologue et chef du Centre international des études stratégiques, sécuritaires et militaires (Cies), a tenu à exposer à l'assistance les grandes lignes du rapport et la logique dans laquelle a été abordé le concept de gouvernance, comme politique de gestion transversale. Car, précise-t-elle, l'on ne peut parler du processus démocratique sans évoquer la bonne gouvernance, en tant que démarche nécessaire à toute œuvre de réforme et d'édification. C'est aussi, poursuit-elle, une manière de rompre avec toute forme de corruption. Et l'amplification de ce phénomène au sein du corps sécuritaire a recentré le débat et remis sur le tapis la question de la gouvernance, afin de réunir toutes les conditions de prévention. Gouvernance, les neuf principes Cependant, malgré des initiatives de réforme menées à ce niveau, l'institution sécuritaire n'est pas sortie des sentiers battus. Pourquoi ? Et comment agir pour avoir gain de cause ? La bonne gouvernance semble être la clé de voûte. Transparence et redevabilité en sont, alors, les principes de base. «Gouvernance-lutte anticorruption, il y a, certes, une corrélation étroite », estime-t-elle. Mais, les défis qui se posent, aujourd'hui, ne sont plus uniquement juridiques et sécuritaires. Ils dont aussi d'ordre économique. De son côté, Mme Siwar Cherif, universitaire à la faculté de Droit et Sciences politiques de Sousse, s'est focalisée sur la définition de la gouvernance et son champ d'application dans le secteur sécuritaire. D'après elle, il y a neuf principes sur lesquels repose une politique de gouvernance, allant de la primauté de la loi au critère de la compétence, tout en passant par la transparence, l'approche participative, la reddition des comptes, la culture anticorruption, l'équité, la réponse aux besoins des citoyens, ainsi que l'efficacité des objectifs à atteindre. Mais, qu'entend-on par gouvernance ? Pour elle, c'est une culture avant tout. Mais également, définit-elle encore, un mode du pouvoir ou une manière de gestion des affaires de l'Etat, suivant un processus participatif qui réunit, d'une part, pouvoir politique et établissements publics, et société civile et secteur privé, d'autre part. L'objectif étant, à vrai dire, de garantir l'efficience de l'Etat. Recommandations Pour asseoir une bonne gouvernance du système sécuritaire, ledit rapport a débouché sur une série de recommandations qui rentrent dans le cadre d'une stratégie de réforme nécessaire. Soit la restructuration de l'appareil sécuritaire, priorité au renforcement des ressources humaines, un cadre législatif garant des droits de la police et ceux du citoyen, l'intégrité de l'institution sécuritaire, une stratégie de sécurité nationale, l'exercice de la démocratie et des droits de l'homme, transparence et respect de la loi, révision des services des renseignements, la préservation des archives nationales et réorganisation du rôle des partenaires (gouvernement, parlement, médias, société civile). Il est aussi question d'organiser des consultations nationales sur la réforme du système sécuritaire. C'est là qu'on peut rétablir l'image d'une police républicaine.