Sadok Guellouz, Maître de conférences en génie énergétique à l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Bizerte, a souligné sur les ondes de RTCI l'importance cruciale de la recherche scientifique et de l'enseignement supérieur dans la réussite de la transition énergétique. Selon lui, cette transition, vitale pour la Tunisie et pour le monde, conditionne à la fois l'économie, l'environnement et le quotidien des citoyens. Il définit la transition énergétique comme le passage d'un système fondé sur les énergies fossiles à un modèle reposant sur les énergies renouvelables et durables. Ce changement, devenu une urgence environnementale, économique et sociale, vise à réduire les émissions de CO2 responsables du réchauffement climatique. Sans action, la Tunisie pourrait perdre 250 km2 de côtes d'ici 2100 et continuer à subir un déficit énergétique aggravé, puisqu'elle importe plus de 60 % de son énergie, pesant lourdement sur sa balance commerciale. Cette dépendance, en grande partie envers le gaz algérien, menace la sécurité énergétique et la compétitivité du pays, d'autant que l'Europe introduit désormais une taxe carbone sur les produits importés. Pour Guellouz, la transition énergétique ne se limite pas à un simple virage technologique. Elle est aussi culturelle et sociétale, exigeant un changement global des comportements et des modes de production. Il identifie cinq fondements essentiels : la maîtrise de l'énergie, la suffisance énergétique, le recours massif aux énergies renouvelables, l'électrification des usages et le développement de l'hydrogène vert pour les secteurs non électrifiables. Ces leviers permettront de réduire la dépendance énergétique, de créer des emplois et de renforcer la durabilité économique. L'enseignement supérieur joue un rôle clé dans cette mutation. Former des ingénieurs capables d'intégrer la dimension énergétique dans toutes les disciplines est indispensable. Les programmes universitaires doivent évoluer, intégrer des stages en entreprise et renforcer la collaboration entre les institutions académiques et le tissu industriel. La recherche, quant à elle, s'oriente vers deux axes : le développement technologique — pour améliorer le rendement des équipements et matériaux — et la modélisation des systèmes énergétiques complexes, nécessaire pour optimiser les choix économiques et environnementaux. Sadok Guellouz conclut en affirmant que la transition énergétique est une voie d'avenir durable et une opportunité de carrière pour les jeunes ingénieurs. Il appelle les employeurs à offrir des conditions propices à l'innovation et à l'engagement dans ce secteur stratégique, rappelant que participer à cette transition, c'est œuvrer à la fois pour la prospérité nationale et pour la préservation de la planète.