Les syndicalistes considèrent que la révocation d'Abid Briki de son poste de ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance viole le Document de Carthage. Aujourd'hui, Youssef Chahed et Noureddine Taboubi se rencontrent pour mettre les points sur les i «Nous n'avons pas été informés de la décision de Youssef Chahed de limoger Abid Briki de son poste de ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance et de son remplacement par Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l'Utica. Nous avons pris connaissance de l'information à travers les médias comme tout le monde. Nous considérons cette décision comme un acte de trahison ou de violation du Doucument de Carthage. C'est une décision unilatérale qui ne traduit pas une véritable évaluation du rendement des ministres du gouvernement d'union nationale. Si on avait procédé à une véritable évaluation, beaucoup de ministres devraient être révoqués». Sami Tahri, membre du bureau exécutif et porte-parole de l'Ugtt, n'a pas mâché, hier, ses mots lors de la conférence de presse tenue au siège de la centrale syndicale ouvrière, à l'issue de la réunion d'urgence du bureau exécutif. Et Sami Tahri d'annoncer : «Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, répondra demain (aujourd'hui lundi 27 février) à l'invitation de Youssef Chahed, chef du gouvernement. A l'issue de cette rencontre, nous arrêterons notre position définitive vis-à-vis de l'accord de Carthage». La main du FMI ? En attendant ce qui sortira aujourd'hui de la rencontre Youssef Chahed-Noureddine Taboubi, les syndicalistes demandent la révision de la nomination de Khelil Ghariani au poste de ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, «désignation qui ne servira aucunement les intérêts des fonctionnaires du secteur public dans la mesure où le gouvernement n'a fait qu'exécuter les ordres du Fonds monétaire international (FMI)». Et les observateurs qui suivent l'évolution de la vie politique nationale n'hésitent pas à trouver «une certaine crédibilité à la possibilité de prendre en considération les recommandations du FMI dont la directrice générale a déjà mis en garde contre la masse salariale très gonflée servie aux fonctionnaires de l'Etat atteignant près de 13 mille millions de dinars». Et quand on revient aux dernières déclarations de Abid Briki sur son programme de libérer la Fonction publique de quelque 25 mille agents (qui partiront à la retraite de leur propre gré) d'ici 2018, on se demande pourquoi il s'est rétracté à la dernière minute et a préféré démissionner de son poste sans révéler les causes. Il s'est contenté d'indiquer qu'il avait «le sentiment que le gouvernement n'était plus dans l'esprit du Document de Carthage». Hafedh Caïd Essebsi rencontre aujourd'hui Noureddine Taboubi Du côté des partis politiques, en premier lieu ceux soutenant le gouvernement Youssef Chahed, on apprend que Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nida Tounès, rencontre aujourd'hui la direction de l'Ugtt «pour évaluer la situation générale du pays». A la question si Nida Tounès demande la révision de la désignation de Khalil Ghariani, Hafedh Caïd Essebsi précise : «Il n'est pas admissible qu'on pousse le chef du gouvernement à revenir sur sa décision bien qu'il ne nous ait pas consultés avant de prendre sa décision». Hafedh Caïd Essebsi est-il en train de dire que son parti soutient la décision de Youssef Chahed mais sans avoir la précision et la clarté de Noureddine B'hiri, chef du bloc parlementaire nahdhaoui, qui a déclaré : «Le chef du gouvernement a le droit absolu de révoquer à n'importe quel moment l'un de ses ministres et il n'a pas à consulter ou à demander l'avis ou le conseil de quiconque. Et en tout état de cause, nous soutenons entièrement la décision de Youssef Chahed et nous considérons que Khalil Ghariani a l'expérience et la compétence qu'il faut pour réussir dans sa nouvelle mission». Il est à préciser qu'à l'heure où le présent article était rédigé (vers 19h00), les représentants d'Ennahdha et de Nida Tounès (aile Hafedh Caïd Essebsi) tenaient une réunion conjointe et devaient publier un communiqué commun comportant leur position sur l'affaire de la révocation de Briki.