Déjà numéro 1 au classement mondial de sabre masculin juniors, l'escrimeur Fares Ferjani met l'accent sur l'insuffisance de moyens logistiques dont souffrent les salles d'entraînement d'escrime. Pour lui, ce genre de problèmes demeure un véritable obstacle pour la majorité des athlètes. Vous avez débuté l'année 2017 avec une série de performances prometteuses. Qu'en dites-vous ? C'était vraiment un démarrage réussi et cela grâce aux efforts déployés dans les séances d'entraînement. Pour moi, il n'y a que le travail, la détermination et la bonne préparation qui payent. Au début du mois de janvier, j'ai eu la chance de décrocher la médaille d'or au Championnat méditerranéen juniors spécialité épée, disputé à Marseille. Après, j'ai obtenu la médaille de bronze à la Coupe du monde juniors sabre à Budapest, en terminant à la troisième place du classement général derrière les Italiens Matteo Neri et Leonardo Derossi. Ensuite, et après avoir battu respectivement l'Argentin Stefano Ivan Luchetti (15-14) et le Français Hugo Soler sur le même score, j'ai repris la tête du classement mondial sabre masculin juniors. Ajoutons à ces deux réussites, la médaille d'argent que j'ai remportée à la Coupe du monde juniors disputée à Paris. Le week-end dernier, j'ai été sacré champion de Tunisie de sabre masculin juniors. Donc, ce bilan montre que je suis sur la bonne voie et j'espère continuer dans cette dynamique de performances. Pour ma part, je suis fier de tout ce que j'ai réalisé et j'ai envie d'aller encore aussi loin que me le permettent mon amour et ma passion pour ce sport. Vous faites partie d'une famille d'escrimeurs dont la plupart de ses membres ont déjà réussi à vous transmettre leur passion, en l'occurrence votre père Salah Ferjani... Oui, je pense que la transmission de la passion se fait presque naturellement et presque tous les jours, et ce n'est pas propre à mon cas. En effet, et dans les familles sportives, les enfants suivent forcément les traces de leurs parents. A mon avis, l'engagement d'un ancien athlète dans la vie sportive de son fils est généralement un atout majeur pour réussir une carrière professionnelle exceptionnelle. Me concernant, je fais partie d'une famille d'escrimeurs. Mon père Salah Ferjani est un ex-champion. Il est déjà membre du bureau fédéral de la FTE et aussi de la commission internationale d'arbitrage avec plus de 900 arbitres formés dans le monde. Ce fait constitue certainement un appui solide et un poids significatif pour l'escrime tunisienne au sein des instances internationales. Mon frère Ayoub est aussi l'un des meilleurs arbitres de la discipline au monde. A la maison, nous sommes toujours dans l'escrime. Elle fait partie de notre quotidien. Avec le temps, les compétitions et surtout les consignes de mon père, je suis en train de réaliser des progrès probants dans un monde qui exige autant de sacrifices que de talent. Voilà, je suis actuellement à la tête du classement mondial et j'espère parvenir à réaliser bien d'autres réussites pour conserver cette place. La médaillée de bronze en fleuret lors des derniers Jeux olympiques de Rio, Inès Boubakri, a pas mal de fois critiqué la situation catastrophique des salles d'entraînement d'escrime... Qu'en pensez-vous ? Par rapport aux autres sports individuels, la situation des salles d'entraînement d'escrime en Tunisie est le moins qu'on puisse dire désastreuse. Je n'ai pas honte de le dire. Nous n'avons pas assez d'équipements, nous n'avons plus de salles bien équipées. La Tunisie compte deux salles d'entraînement. Malheureusement, celles-ci sont dans un état précaire. Les fenêtres sont cassées, la salle du lycée sportif est toujours gorgée d'eau. Franchement, et avec ce genre de problèmes, nous n'arriverons jamais à préparer au mieux les prochaines compétitions internationales. Pour être franc, les moyens logistiques limités sont un vrai casse-tête pour les athlètes. Il est temps que les autorités et les personnes concernées interviennent en urgence pour résoudre ce problème. Ce qui est évident, c'est que notre pays bénéficie d'une grande école d'escrime qui existe depuis longtemps. Donc, on doit protéger notre image et garder les fortes impressions laissées lors des joutes précédentes. Vu les derniers résultats obtenus ces dernières années sur la scène internationale et l'émergence de nos escrimeuses à l'échelle africaine et mondiale, l'escrime doit être plus vulgarisée dans toutes les régions du pays. Nous disposons d'un vivier de jeunes passionnés dont la plupart veulent s'améliorer, participer continuellement aux compétitions et s'épanouir. Alors, il faut les encourager davantage, les encadrer et les suivre dans leurs rêves. Quels sont vos prochains objectifs ? Aujourd'hui, chaque athlète veut monter sur le podium et gagner une médaille olympique. Alors, pour être champion mondial ou olympique, il faut franchir la limite et aller très vite. Mon prochain défi sera la médaille d'or au championnat du monde juniors prévu au mois d'avril prochain en Bulgarie. Je suis convaincu que je possède tous les atouts pour marquer une autre fois les esprits et honorer mon pays dans un rendez-vous qui compte beaucoup pour moi.