La loi interdisant les sacs en plastique à usage unique prend, désormais, effet. A partir d'aujourd'hui, 1er mars 2017, il n'y aura, a priori, plus de sachets dans les grandes surfaces du pays. Cette décision fut, déjà, annoncée depuis une année, donnant ainsi un délai aux industriels pour bien s'y préparer et penser, de la sorte, aux alternatives possibles. A force de pression du temps, le citoyen-consommateur se trouvera, lui aussi, dans l'obligation de s'y adapter, et puis changer d'habitudes. Faire ses courses, sans utiliser les fameux sachets, naguère disponibles à profusion, serait-ce, alors, un début de la fin d'une tradition de consommation. Voire un retour à la source, au «panier de la ménagère», au sens propre du terme. Aussi, le recours au couffin traditionnel, celui fait en fibres de palmier, pourrait-il redorer à ce produit artisanal son blason? Mais, quel impact sur un tel commerce très florissant? C'est la question qu'on entend sur toutes les lèvres. Surtout que l'on sache, chiffres révélés par le ministre des Affaires locales et de l'Environnement, M. Riadh Mouakher, qu'un milliard de sachets en plastique sont utilisés en Tunisie chaque année, dont près de 315 millions distribués par les grandes enseignes commerciales, logées sous nos cieux. Et que ces sachets, jugés nuisibles à la santé et à la nature, ne sont pas facilement biodégradables. D'où l'utilité de les bannir, au départ, des grandes surfaces. Avant de les voir se retirer, complètement, du marché local. Depuis l'adoption de cette loi, en juillet dernier, l'on s'aperçoit qu'une bataille écologique a commencé à montrer ses griffes. Et maintenant que les dés sont jetés, comment vont réagir producteurs, commerçants des sacs en plastique, collecteurs et clients-acheteurs ? L'écocitoyenneté compte L'ancien ministre de l'Environnement, Nejib Derouiche, avait déclaré qu'une telle interdiction ne peut aboutir que si elle est suivie d'une législation adéquate. Quant aux emplois liés à cette activité, l'ex-ministre n'y voit pas une perte assez conséquente, étant donné que leur nombre ne dépasse pas les 3 milliers au total. Mais, il y aura, d'après lui, un programme avec le ministère de l'Industrie pour accompagner ces fabricants de sachets dans la mise à niveau de leur chaîne de production. Son successeur, l'actuel ministre de l'Environnement, a lui aussi réagi : «Un arrêté interdisant totalement l'usage de ces sacs, leur production et leur importation serait envisagé». Ce qui semble être un mécanisme d'appoint. Certes, cette loi s'inscrit dans un souci de propreté et de dépollution, mais son application demeure tributaire d'une culture écocitoyenne bien ancrée dans le comportement des Tunisiens, toutes catégories sociales confondues. Mais, avant tout, il importe de remplacer ces sachets par d'autres plus respectueux de l'environnement. Sinon, leur commerce, bien qu'il soit illicite, finira par s'intégrer dans le circuit informel. Et à ce moment là, l'on risque de perdre doublement !